• Comme nous l'avons déjà vu dans les pages précédentes, nous retrouvons Gilbert Boillot, son épouse Anne Drouaillet et leur fils Henri à Artonne à partir de 1851, comme l'indique cette vue issue du recensement de cette année-là :

    Recensement 1851 à Artonne

    Ils ont une domestique nommée Anne Sabattier (ou Sabatier) âgée de 18 ans qui deviendra un peu plus tard l'épouse de Joseph Allias, serrurier. Ils habitent à peu de distance des parents de Gilbert Boillot

    Recensement 1851 à Artonne

    Nous voyons sur ce document que Pierre Boillot vit avec son épouse Claudine Rozier et leur domestique Gilberte Chatelus, âgée de 15 ans.

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    Gilbert Boillot a alors tout juste 35 ans, Anne 28 et leur fils 11 ans. Peut-être un peu tôt pour prendre sa retraite ? A partir de maintenant Gilbert apparaîtra dans tous les actes officiels comme "rentier" ou "propriétaire".

    A-t-il fait fortune avec son magasin de couleurs à Dijon ou dans les liens commerciaux que nous lui avons vus tisser avec Victor Mollerat au fil des années à Pouilly-sur-Saône ? Une chose est sûre, il avait suffisamment d'argent pour en vivre jusqu'à sa mort et celle de son épouse et même au-delà. Rappelons-nous toutefois que de la fin de l'Empire aux années 1920 la France a vécu quasiment sans inflation, et que le franc-or a eu la même valeur pendant toute cette période.

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     Au recensement de 1856, Pierre Boillot vit seul avec la même servante, car son épouse Claudine Rozier est décédée à Artonne le 15/06/1855, comme nous l'avons déjà vu, et comme vous pouvez le retrouver au bas de la page suivante «la-vie-d-un-demi-solde».

    Gilbert Boillot et Anne Drouaillet vivent avec la même domestique Anne Sabattier, mais sans leur fils Henri, qui a alors 16 ans. On peut supposer que ce dernier poursuit ses études dans un internat, peut-être à Clermont-Ferrand. Nous ne le verrons plus apparaître dans les recensements suivants.

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    A partir de leur installation à Artonne, et d'après les documents dont nous disposons, Gilbert Boillot semble avoir deux activités principales pour faire fructifier son argent : acheter et louer des terres et prêter de l'argent avec intérêt. Nous disposons de nombreux actes notariés de cette époque, la plupart provenant de l'étude de maître Vincent Pradon, notaire à Artonne, successeur de maître Rozier et beau-frère de Claudine Rozier, la mère de Gilbert Boillot. D'autres actes proviennent de notaires de Seurre, en Côte d'Or, la "grande ville" à proximité de Pouilly-sur-Saône où Gilbert Boillot a conservé des intérêts.

    Nous listons ci-après les actes dont nous disposons.

    Propriétaire terrien

    - 30/12/1849 Achat par Gilbert Boillot à Gilbert Dubrouillet  d'un terrain situé terroir des Médines, de 43a 54ca pour la somme de 1200 Fr. (Tribunal d'instance de Riom 03/07/1854).

    - 14/09/1850 Achat à Jacques Philippe Rémy Manzat (vente judiciaire) pour la somme de 14500 Fr

    - 19/09/1850 Achat à Jacques Philippe Rémy Manzat (vente judiciaire) pour la somme de 655 Fr.

    - 07/03/1852 Achat à Gabrielle Simon veuve de Joseph Parret, et à Antoine Royet époux de Claudine Parret d'une pièce de terre section de Glénat, terroir du Grand Champ contenant 28 a 30 ca ; d'une autre située même section, terroir de la Charras contenant 7 a 23 ca ; d'une autre même section terroir de la Charras d'en-Haut contenant 9 a 30 ca; d'une autre section d'Artonne terroir du Chote contenant 18 a 21 ca; d'une vigne terroir du Puys contenant 5 a 14 ca ; le tout pour la somme de 1933 Fr.

    - 18/05/1852 Achat à Quintien Boivin (ancien boulanger demeurant à Aigueperse) d'une pièce de terre située section de Bicon appelée Le Petit Marais de Bicon, n°496 de la section B du plan cadastral, contenant 3 ha 62 a 34 ca, pour la somme de 8000 Fr.

    - 25/08/1856 Achat à Louis Labbe d'une pièce de terre située terroir des Sablons (n°885 section E) contenant 26 ares pour la somme de 547,20 Fr.

    08/12/1860 Adjudication au bénéfice de Gilbert Boillot et Antoine de Parades, médecin demeurant aussi à Artonne, de la propriété des Grandvaux située dans les dépendances de Beaumont, canton de Randan pour la somme de 20966,94 Fr.

    - 09/03/1862 Achat à Pierre Gade et Dame Gilberte Dayat veuve de François Gade d'un bâtiment couvert à tuile creuses ... pour la somme de 600 Fr.

    - 03/08/1873 Bail pour six années et six récoltes entières et consécutives, qui commenceront par la récolte de 1874 et finiront par celle de 1879.Ce bail concerne François Cheminade de Bicon, Pierre Desnier d'Artonne et Claude Desnier de Glénat. Ce bail concerne une pièce située au lieu du petit marais de Bicon, contenant 3ha 62a 34ca. Ce bail est consenti moyennant la somme de 456 Fr de fermage annuel, soit 269 Fr pour Cheminade, 89,50 Fr pour Pierre Desnier et 97 Fr pour Claude Desnier. Il remplace un bail verbal préexistant.

    -09/09 et 03/10/1880 Achat par adjudication d'une pièce de terre située terroir des Chaves n°482-484-485 section C contenant environ 7a 52ca, pour la somme de 1260 Fr.

    -07/09/1885 Achat à Antoine Marie Chrétien et Anne-Anatalie Passelaigue son épouse d'un petit corps de bâtiments et dépendances situé quartier du foirail ou de l'Eglise ... adossée aux murs d'une partie de grange des sieurs Hugues Grenier et Joseph Allias, lesquels sont mitoyens, ... pour la somme de 3000 Fr.

    Prêteur sur gages 

    - 12/03/1849 Obligation de Victor Mollerat envers Gilbert Boillot d'une somme de 1000 Fr avec intérêt sur le pied de cinq pour cent par an.

    - 22/08/1850 rachat par Gilbert Boillot d'une créance de 545.30 Fr à Demoiselle Anne Douchard, de Montaigut, contre le Sieur Philippe Mansat, propriétaire demeurant à Saint-Rémy-de-Blot, canton de Menat.

    - 02/05/1878 Obligation de Madame Eugénie Mollerat, veuve de Victor Mollerat envers Gilbert Boillot d'une somme de 3900 Fr. Ce montant provient de 3 éléments distincts : la prorogation du prêt de 1000 Fr du 12/03/1849 ci-dessus ; la reprise par G Boillot d'un autre prêt de 1400 Fr accordé aux Mollerat par un tiers ; un nouveau prêt de 1500 Fr accordé par Gilbert Boillot à Madame Mollerat. L'ensemble est toujours porteur d'intérêts à 5% l'an.

    - 07/04/1886 Obligation de Mademoiselle Lucile Mollerat envers Gilbert Boillot d'une somme de 6000 Fr. Lucile Mollerat est la soeur d'Eugénie Mollerat dont elle est l'héritière. Avec l'obligation précédente elle a donc une dette de 9900 Fr envers Gilbert Boillot.

    On relève que toutes ces obligations font état d'un taux d'intérêt de 5% l'an, et qu'elles font l'objet d'hypothèques sur les biens immobiliers des emprunteurs.

    Divers

    - Parallèlement le 04/12/1855 vente par Gilbert Boillot et son épouse Anne Drouaillet d'une maison sise à Mirebeau-sur-Bèze (Côte d'Or) provenant de l'héritage de cette dernière, pour la somme de 900 Fr.

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    Les Boillot à travers les recensements

    Nous avons vu qu'au moment du recensement de 1856 Gilbert Boillot et Anne Drouaillet vivent toujours avec leur domestique Anne Sabatier, et que leur fils Henri est parti.

    En 1861 Anne Sabatier est partie puisqu'elle est mariée à Joseph Allias depuis le 29 juillet 1860, et que Blaise Jules, leur fils aîné, est né le 16/09/1860. Les Boillot vivent donc non plus avec une domestique, mais une servante qui s'appelle Françoise Sauvestre, dont l'âge n'est pas précisé.

    Recensement 1861

    Nous apprenons également sur ce document que Gilbert Boillot est boiteux, mais sans savoir depuis quand ni pourquoi.

    En 1866 Françoise Sauvestre est devenue domestique, âgée de 23 ans, et notre boiteux l'est toujours.

    Recensement 1866

     

    Le recensement suivant date de 1872 au lieu de 1871, conséquence probable de la défaite de 1870 contre la Prusse.

    Recensement 1872

    Nous voyons sur ce document qu'il n'est plus question de l'infirmité de Gilbert Boillot, mais surtout que le couple a maintenant 2 domestiques, Françoise Sauvestre, 32 ans, et Jules Allias, 12 ans, l'aîné des enfants de Joseph et Anne Sabatier !

    En 1876, les Boillot n'ont plus qu'un domestique

    Recensement 1876

    Il s'agit maintenant de Claudius Allias, 13 ans !

    En 1881 le couple Boillot vit seul, il n'a plus de domestique.

    Recensement 1881

    Il en est de même en 1886, mais en 1891,

    Recensement 1891

    Ils ont retrouvé une domestique, Anna Allias, fille de Joseph et Anne Sabatier, qui restera à leur service jusqu'à sa mort le 11/11/1897.

    En 1896, Gilbert Boillot est mort et Anne Drouaillet vit avec sa domestique Anna Allias.

    Recensement 1896

    On voit clairement sur ce document que les deux familles vivent côte à côte.

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      Cliquez sur le lien pour la page suivante la-mort-de-gilbert-boillot

     


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  • Gilbert Boillot décède à Artonne le 11 mars 1894, à l'âge de 77 ans. Son acte de décès figure ci-dessous.

    Gilbert Boillot Décès

    Son fils Henri étant décédé quelques années plus tôt, le 09/03/1891, sa seule héritière est donc son épouse Anne Drouaillet.

    Seule héritière ? Voire ... Gilbert Boillot laisse en effet un testament olographe en date du 14/12/1872, ainsi rédigé :

    "Je soussigné Gilbert Thomas Boillot, époux de Anne Drouaillet demeurant à Artonne, ai par les présentes fait mes dispositions de dernière volonté ainsi qu'il suit.
    Voulant donner à mon épouse un témoignage de mon affection je fais en sa faveur les dispositions suivantes.
    Je donne et lègue à madame Anne Drouaillet ma femme, la moitié en propriété de tous les biens meubles et immeubles qui composeront ma succession. Ma dite femme aura le choix de prélever le legs que je viens de faire en sa faveur d'abord sur les meubles meublants, linge et argenterie, créances, valeur mobilière et subsidiairement sur les immeubles pouvant revenir à ma succession.
    Pour en jouir et disposer comme de choses lui appartenant en toute propriété et jouissance à compter du jour de mon décès , la dispensant de toute demande de délivrance de legs et même de faire faire inventaire.
    Fait à Artonne le quatorze décembre mil huit cent soixante douze.
    Signé : G Boillot"

    Ce testament a été enregistré aux minutes de maître Charles Nony, notaire à Artonne le 28 mars 1894, sur ordonnance de Me Henri Sadourny, juge au tribunal civil de Riom, en date du 13/03/1894.

    Compte tenu de la rédaction du testament de Gilbert Boillot, sa femme hérite donc de la moitié de ses biens ... et plusieurs cousins-cousines de l'autre moitié. Contrairement à ce qui est indiqué dans le testament, il a donc fallu faire un inventaire des biens du couple. Cet inventaire a été réalisé en deux fois, les 14 avril et 28 juillet 1894.

    Je vais vous épargner la lecture de cette pièce, un peu fastidieuse, et vous en présente juste la première page.

    Inventaire Boillot

    On peut voir que la chambre à coucher comprenait par exemple un fauteuil voltaire recouvert en tapisserie évalué à 8 francs, une vieille glace cadre rouge évalué 3 francs, ou encore une table de nuit en acajou évaluée 10 francs.

    Dans un secrétaire on trouve Deux pistolets de poche, une lorgnette jumelle, trois médaillons Victor Emmanuel et Garibaldi, diverses photographies, un porte carte, divers articles de fumeur, le tout prisé 1 franc.

    Dans une armoire on trouve cinquante deux draps de lit prisés cinquante quatre francs, et deux cent trente sept serviettes prisées à quatre vingts francs.

    Au terme de cet inventaire, la valeur du mobilier, vaisselle et argenterie ressort à 1051,95 Fr, celle des valeurs de bourse (obligations, actions et prêts à des tiers) s'élève à 63389,80 Fr. A ces sommes il convient d'ajouter la valeur des terres

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    La moitié de la succession de Gilbert Boillot est donc attribuée à 4 cousines que nous découvrons à cette occasion.

    - La première cousine s'appelle Scévoline Boillot, veuve de Paul Devaux, rentière, demeurant à Compiègne, rue Pierre Sauvage, n°1. Nous ne savons rien d'elle mais rappelons-nous que Gilbert Boillot a été baptisé le 15/10/1816 à l'église Saint-Pierre de Besançon. Son parrain était son grand-père Thomas Gilbert Rozier, représenté par Henry Boillot. Le frère de Pierre Marie, père de Gilbert ? Qui aurait eu une fille s'appelant Scévoline ? Voilà une nouvelle piste de recherche !!! Vous pouvez retrouver la page en question ici pierre-marie-boillot 
    Toujours est-il que Scévoline se voit attribuer par acte du 12/10/1895 la somme de 7000 Francs.

    Mise à jour du 28/08/2019 : voir au sujet de Scévoline Boillot la page «les-ancetres-boillot»

    - La deuxième cousine s'appelle Anne Clotilde (ou Claudine) Rozier, dite en famille Anaïs, veuve de François Nicolas Rozier, demeurant à Mozac chez les dames Augustines. C'est une fille de Jean, un des frères de Claudine Rozier, femme de Pierre Marie Boillot. Elle a épousé François Auguste Rozier, de Villosanges (un cousin ?) installé comme marchand-droguiste à Clermont-Ferrand. Elle se voit attribuer par acte du 10/12/1895 la somme de 2300 Francs.

    - La troisième cousine s'appelle Claudine Adèle Rozier veuve Mandet. C'est la fille de Jacques Justin, dernier membre de la fratrie Rozier. Elle a épousé Louis Mandet, originaire de Clermont-Ferrand où elle habite rue Montlosier n°21.
    Elle se voit attribuer par acte du 10/06/1896 la somme de 2592,15 Francs.

    - La quatrième cousine s'appelle Anne Louise Rozier, veuve Pradon. C'est la fille de Guillaume, l'aîné des enfants Rozier, qui succèdera à son père comme notaire. Elle a épousé Vincent Pradon qui sera notaire à son tour, et également maire d'Artonne. Hélas pour elle, Anne Louise ne va pas vivre assez longtemps, elle meurt le 29/02/1896, et ce sont ses 3 filles qui vont se partager le "pactole" qui sera donc divisé par 3 ! Ces dernières s'appellent Marie Pradon veuve de Louis Bénézy, habitant à Clermont-Ferrand, rue du Port ; Jeanne Marie Claudine Pradon veuve de François Antoine Degans, habitant Aigueperse ; Angélique Eulalie Pradon veuve de François Joseph Bayle, habitant Clermont-Ferrand, rue Thomas n°3. Toutes les trois ont épousé un avocat.
    Elles ont reçu par acte du 04/06/1896 la somme de 2300 Francs.

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    La succession de Gilbert Boillot a donné lieu à une adjudication par voie d'enchères, en date du 11 août 1895 en l'étude de maître Charles Nony, notaire à Artonne. A l'issue de cette opération, madame Anne Drouaillet veuve de Mr Gilbert Thomas Boillot, propriétaire demeurant à Artonne, présente à l'adjudication qu'elle a acceptée a été proclamée adjudicataire de plusieurs lots :

    - Une maison d'habitation sise à Artonne quartier du foirail ou de l'Eglise consistant en une petite maison haute à laquelle on arrive par un escalier extérieur qui donne accès à une cuisine et à une chambre à coucher ... moyennant outre les charges de l'enchère la somme de deux mille deux cent soixante francs de prix principal.
    - Un petit bâtiment couvert de tuiles creuses situé en cette ville d'Artonne quartier de la Mairie consistant en cave, cuvage au-dessus et grenier au-dessus dudit cuvage... moyennant ... mille vingt francs de principal.
    - Une pièce de terre ... terroir des Chaves, numéros 482, 484 et 485 de la section C du plan cadastral contenant sept ares cinquante centiares, ... douze cent vingt francs de prix principal.
    Une pièce de terre ... section de Bicon terroir du Marais ou Petit Marais de Bicon contenant environ trois hectares soixante deux ares trente quatre centiares compris sous le numéro 796 de la section B du plan cadastral ... moyennant la somme de sept mille cent quarante francs de prix principal.

    Anne Drouaillet a donc dû racheter aux enchères les deux maisons qu'elle occupait avec son défunt mari ainsi que les deux pièces de terre qu'elle voulait conserver.

    Nous disposons par ailleurs d'un document sous seing privé en date du 10 septembre 1896 par lequel Anne Drouaillet reconnaît avoir reçu de Blaise Claudius Allias époux Tourret, serrurier demeurant à Artonne la somme de quatre vingt cinq francs principal du prix d'adjudication moyennant lequel et par procès-verbal dressé par ledit Maître Nony notaire le onze août 1895, Blaise Claudius Allias a été déclaré adjudicataire d'une vigne sise commune d'Artonne terroir des Puys ou vigne de St Agoulin contenant environ cinq ares 14 centiares portée au n° 164 de la section E du plan cadastral ...

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    La succession de Gilbert Boillot est maintenant soldée, sa veuve Anne Drouaillet vit seule avec sa domestique Anna Allias, dans sa maison située juste à côté de celle de Claudius Allias et sa famille. Malheureusement Anna Allias meurt le 11/11/1897 à l'âge de 29 ans, en la maison d'Anne Drouaillet, dit son acte de décès. Cette dernière est alors âgée de 74 ans et se retrouve seule.

    Seule ? Pas si sûr, n'oublions pas les Allias juste à côté.

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      Cliquez sur le lien pour la page suivante mme-boillot-veuve-et-rentiere

     


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  • Nous retrouvons Anne Drouaillet au lendemain de la mort de son mari Gilbert Boillot, décédé le 11 mars 1894. Elle a 71 ans, vit dans sa maison rue Saint-Jean à Artonne avec une domestique nommée Anna Allias, fille de Joseph, laquelle meurt le 11/11/1897 en la maison de Mme Boillot, dit son acte de décès. Cette maison jouxte celle de Claudius Allias, sa femme Mélanie Tourret et leurs enfants Elie (8 ans) et Marcelle, qui a moins d'un an.

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    Mme Boillot dispose de la moitié de la fortune de feu son mari, ce qui lui laisse largement de quoi vivre correctement à Artonne.

    Elle a du se poser très rapidement la question de la rédaction d'un testament, nous disposons à ce sujet d'un document écrit d'une belle écriture "notariale" donnant les précisions suivantes : 

    Les testaments olographes doivent être écrits sur papier timbré ; sur papier libre, ils seraient valables, mais payeraient une amende. Lorsqu'au décès du testateur il n'y a pas d'héritiers auxquels une quotité de ses biens soit réservée par la loi, le légataire universel sera saisi de plein droit par la mort du testateur, sans être tenu de demander la délivrance.
    Tout testament olographe sera, avant d'être mis à exécution, présenté au président du Tl [tribunal] de 1ère instance de l'arrondissement dans lequel la succession est ouverte.
    Ce testament sera ouvert s'il est cacheté. Le président dressera Procès-Verbal de la présentation, de l'ouverture et de l'état du testament, dont il ordonnera le dépôt entre les mains du notaire par lui commis.
    Le légataire universel sera tenu de se faire envoyer en possession par une ordonnance du Président mise au bas d'une requête, à laquelle sera joint l'acte de dépôt.

    Suivent deux modèles de forme de  ce que doit contenir un testament, l'un de ces modèles ayant la préférence du rédacteur de ce document.

    Munie de ces renseignements Madame Boillot s'est mise à l'ouvrage, et nous disposons de plusieurs exemplaires de testament sur papier timbré, portant des dates différentes. Certains sont pliés au format d'une petite enveloppe de format 11x7,5 cm comme celle-ci

    Enveloppe Testament

    La présence de traces de pliures sur au moins un de ces documents montre qu'elle est allée au bout de la démarche engagée.

    Le premier testament porte la date du 12 juin 1894, trois mois tout juste après la mort de son mari.

    Testament 12/06/1894

    Je soussigné Anne Drouaillet veuve de Mr Gilbert Thomas Boillot propriétaire demeurant à Artonne.
    J'institue pour mon légataire universel Elie Joseph Allias, fils de Claude Allias et de Mélanie Tourret, mineur sans profession demeurant à Artonne chez ses père et mère, par suite je lui lègue l'universalité de ma succession mobilière et immobilière, à la charge par lui de laisser jouir de moitié de tout ce qui composera ma succession son père et sa mère jusqu'au décès du survivant d'un sans diminution au décès du premier mourant.
    Et encore de payer à Anna Allias sa tante une rente annuelle et viagère de trois cents francs dont le premier lui sera fait trois mois après mon décès, et ainsi continuer d'année en année jusqu'au décès de la dite Anna Allias.
    Et de plus de payer à Jules Allias son oncle une somme de deux mille francs une fois payée et ce six mois après ma mort et sans intérêts.
    Mon légataire universel ne sera pas tenu de demander la délivrance de son legs. Fait à Artonne le 12 juin mil huit cent quatre vingt quatorze.
    Anne Drouaillet veuve Boillot.

    Les mots "Jules Allias son oncle" et "deux mille" ont été rayés en bleu, manifestement bien après la rédaction de ce document.

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    Voici un autre testament, en date du 07/04/1902, rappelons pour mémoire qu'Elie Allias a alors 15 ans 9 mois et sa sœur Marcelle 8 ans 8 mois.

    Testament 7/4/1902 - 1

    Testament 7/4/1902 - 2

    Testament 7/4/1902 - 3

    Ceci est mon testament
    J'institue pour mon légataire universel Mr Joseph Hélie Allias fils de Blaise Claudius et de Françoise Mélanie Tourret, actuellement élève de l'école professionnelle de Clermont-Ferrand, à qui je lègue l'universalité des biens composant ma succession sous les réserves ci après.
    Je donne et lègue à titre universel, à Mr Joseph Hélie Allias sus-nommé et à Madelle Anne Marcelle Allias sa sœur, conjointement et par moitié entre eux, tout le mobilier meubles meublants, linge et objets de toute nature dépendant de ma succession sans réserve toutefois du numéraire des titres valeurs et créances sans exception, et encore sous réserve de six couverts en argent unis.
    Je donne et lègue à cette dernière - c'est-à-dire Melle Anne Marcelle Allias à titre de legs particulier et par préciput
    1° six couverts en argent unis
    2° vingt deux obligations Grand Central
    3° dix obligations Lyon Genève
    ou leur valeur correspondante en numéraire d'après le cours du titre au jour de mon décès.
    Je donne et lègue à Mr Blaise Claudius Allias et Mme Françoise Mélanie Tourret, père et mère des susnommés, conjointement entre eux et jusqu'au dernier décès
    1° l'usufruit et jouissance leur vie durant de ma terre du Marais commune d'Artonne d'une contenance d'environ quatre hectares, et de mon jardin des Chaves même commune d'environ 11 ares.
    2° l'usufruit et jouissance de tout le surplus de ma succession mobilière et immobilière avec dispense d'inventaire et de caution, jusqu'à la majorité de mes légataires universels seulement. Cet usufruit prendra fin à la majorité respective de chacun d'eux.
    Mais à partir de la cessation de cet usufruit en ce qui le concerne, Mr Joseph Hélie Allias fera en compensation servir à ces père et mère conjointement et sans réduction leur vie durant une rente annuelle de trois cents francs exigible par semestre, à commencer le premier payment six mois après sa majorité.
    Comme condition essentielle des dispositions qui précèdent, je veux et entends que pour qu'elle cause et à quel titre que ce soit, mes deux légataires Hélie et Marcelle Allias ne puissent ni vendre ni aliéner de ma succession avant leur vingt cinquième année révolue. Et au cas où une valeur quelconque viendrait à être remboursée elle serait immédiatement remplacée au nom de qui de droit par une valeur de même nature.
    Je charge de l'exécution des dispositions qui précèdent Mr Blaise Claudius Allias et [blanc] que je désigne à cet effet pour mes exécuteurs testamentaires avec les pouvoirs les plus étendus, notamment avec la [blanc] et dispense formelle de faire inventaire, de faire apposer les scellés et de vendre le mobilier, ainsi que de toute reddition de compte jusqu'à la majorité respective de chacun de ces deux enfants.
    Je révoque tout testament antérieur.
    Fait en entier de ma main et signé à Artonne le sept avril mil neuf cent deux.
    Anne Drouaillet Ve Boillot. 

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    Et voici un troisième texte, daté du 05/05/1906

    Testament 5/5/1906

    Je soussigné Anne Drouaillet Veuve de Thomas Gilbert Boillot, institue Joseph Hélie Allias, fils de Blaise Claudius Allias et de Françoise Mélanie Tourret, mon légataire universel.
    Fait à Artonne le cinq Mai dix neuf cent six.
    Anne Drouaillet veuve Boillot

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    A la lecture de toutes ces pièces, il apparaît clairement que des relations de proximité s'étaient établies au fil des années entre les familles Boillot et Allias : Anne Sabatier y a été domestique jusqu'à son mariage avec Joseph Allias ; ensuite Jules d'abord, puis Claudius y ont également été domestiques vers l'âge de12-13 ans, puis leur sœur Anna jusqu'à sa mort. Et n'oublions pas que Gilbert Boillot figure parmi les témoins du mariage de Jules Allias et Elisa Boutin le 20 juin 1892 (voir à ce sujet la page blaise-jules-allias)

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      Cliquez sur le lien pour la page suivante de-la-longevite-d-un-pret

     


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  • Pour illustrer la nature des liens qui ont pu exister entre Mme Boillot et la famille de Claudius Allias, je vais vous parler d'un acte notarié, signé le 21 novembre 1905 devant maître Charles Nony, notaire à Artonne. Ce document est intitulé "Transport-cession par Mad Boillot à Mr Allias Blaise Claudius". La page de garde figure ci-après.

    Transport-cession Boillot Allias

     

    Pour bien comprendre il faut faire un retour en arrière ou relire la page un-rentier-a-artonne au chapitre "Prêteur sur gages". Le 12/03/1849 Gilbert Boillot prête à son ami Victor Mollerat résidant à Pouilly-sur-Saône (Cote d'Or) la somme de 1000 Fr. Le 02/05/1878 cette somme se transforme en 3900 Fr comprenant les 1000 Fr précédents, le rachat d'une créance de 1400 Fr et un autre prêt de 1500 Fr, le tout accordé par G Boillot à Madame Eugénie Mollerat, veuve de Victor. Le 07/04/1886 nouveau prêt de 6000 Fr accordé par G Boillot à Mademoiselle Lucile Mollerat, sœur et héritière de la précédente. Cette héritière doit donc au total 9900 Fr à Gilbert Boillot, le tout avec un taux d'intérêt de 5% l'an.

    Il se trouve que cette demoiselle Lucile Mollerat est également décédée, et son héritier un certain Paul Bousquand, Tuilier habitant à Pouilly-sur-Saône (côte d'Or). De plus Anne Drouaillet a maintenant plus de 82 ans, elle a décidé de transférer la créance ci-dessus à Claudius Allias, qui accepte. Tel est l'objet de cet acte. Anne Drouaillet avait auparavant accepté verbalement de ramener le taux d'intérêt de 5 à 4%. Elle reconnait dans l'acte avoir reçu de Mr Blaise Claudius Allias cessionnaire [la somme de neuf mille neuf cents francs] dès avant ce jour, en espèces ayant cours comptées et délivrées hors la vue du notaire soussigné.

    Claudius Allias a-t-il vraiment payé 9900 Fr à Mme Boillot, ou n'était-ce qu'une façade, je ne sais, mais il est maintenant chargé d'une dette assez conséquente à recouvrer.

    Et cela va durer ... un certain temps.

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    Quatorze ans ont passé, la première guerre mondiale vient de cesser. Voici une lettre datée du 27 octobre 1919

    Pouilly-sur-Saône par Seurre - Côte d'Or

    J'ai bien tardé à vous écrire , mais comme je n'avais pas d'argent à vous envoyer c'est la cause. Je pense toujours à vous et le seul moyen pour pouvoir m'acquitter envers vous, c'est de vendre une partie de la propriété dont j'ai chargé une agence de Paris, qui est venue sur les lieux, et qui m'a bien promis de s'en occuper bien sérieusement. Ils ont toujours rien trouvé et dit d'avoir de la patience, car dans ce moment ci les usines ne vont pas trop bien le charbon étant si difficile à se procurer et le personnel aussi, ayez donc encore de la patience et bonté envers nous, puisque l'état accorde aux petits industriels, qui n'ont pas fait d'affaires pendant la guerre.
    Pour la reconnaissance que vous me demandez envoyez moi donc le modèle et la somme que vous me metterez car moi je nôse.
    Recevez cher Claudius pour vous et votre famille toute notre reconnaissance, moi et ma famille nos respects.
    Paul Bousquand

    Quelques mois plus tard le même homme envoie la lettre suivante ainsi qu'une reconnaissance de dette 

    Reconnaissance de dette

    Pouilly-sur-Saône ce 17 février 1920
    Cher Claudius,
    Je suis peiné en apprenant par votre lettre que vous avez été malade ainsi que votre femme. J'espère qu'avec les beaux temps vous allez être vite rétabli c'est notre plus grand désir.
    Je vous envoie une reconnaissance ainsi que vous me le demander.
    J'aurai voulu faire mieux, car au reçu de votre dernière lettre je me suis mis tout de suite en quête de trouver pour pouvoir vendre une partie de la propriété afin que je puisse vous envoyer une partie de la somme que je vous dois. Je me suis adressé à une maison qui s'occupe de cet article. Et jusqu'à présent vous savez combien il y a de personnes qui hésitent à faire quelque chose pour le moment, mais quand tout sera rétabli dans sa sphère nous aurons plus de chance je l'espère. Je vous remercie bien de vouloir m'attendre.
    Recevez cher Claudius, pour moi et les miens notre reconnaissance et nos amitiés à votre femme et à votre fille ainsi qu'à vous.
    Paul Bousquand

    - o -

    La lecture des deux lettres ci-dessus et un calcul rapide permettent de comprendre que la dette de 3000 francs objet de la reconnaissance précédente correspond aux intérêts dus pour la période 1913-19, visiblement non payés, du prêt initial de 9900 Fr. Et vous avez compris le fond du problème : le débiteur n'a pas un sou pour rembourser sa dette

    Et la fête continue puisque le 2 janvier 1921 nous avons une nouvelle lettre de Paul Bousquand :

    Cher Claudius,
    Nous venons toute la famille à l'occasion de la nouvelle année pour vous souhaiter santé, prospérité et vous donner de nos nouvelles qui sont assez bonnes pour le moment. Nous espérons qu'il en est de même pour vous.
    Nous vous remercions de bien vouloir toujours nous attendre un peu.
    Je pense bien à vous tous nous ne vous oublirons pas
    Recevez cher Claudius pour vous et votre famille toutes nos amitiés.
    Paul Marguerite et Clotilde Bousquand.

    Un an après, par lettre du 3 février 1922, c'est Maître Louis Chopard, notaire à Seurre (Côte-d'Or) qui écrit à Claudius Allias.

    Je vous prie de me faire savoir ce qui vous est dû en principal et intérêts par M. Paul Bousquand de Pouilly-sur-Saône.
    Je vous présente Monsieur, mes salutations empressées.

     Et le 6 février 1922 Paul Bousquand lui écrit.

    Mon cher Claudius,
    Soyez sans inquiétude vous recevrez d'ici quelques jours vos intérêts échus.
    Je vous espère en meilleure santé depuis votre dernière lettre du jour de l'an.
    Recevez, cher Claudius, tous mes remerciements à l'avance mes amitiés de tout deux ma femme ainsi que les baisers de Clotilde.
    Veuillez s'il vous plait présenter nos compliments et amitiés à votre dame.
    Votre ami
    Paul Bousquand

    Le 7 février 1922 les choses avancent un peu, comme l'indique la lettre ci-après :

    Mon cher Claudius,
    Je viens vous remercier d'avoir bien voulu m'attendre jusqu'à présent pour pouvoir vous payer vos intérêts de votre hypothèque et ceux de la reconnaissance de trois mille francs pour tout ces intérêts. Je vous envoie mille cent francs.
    Je n'oublierai jamais la bonté que vous avez eu pour moi.
    Je recommande la lettre pour être plus sûr qu'elle vous parvienne ; en attendant de recevoir de vos nouvelles.
    Recevez mon cher Claudius, pour vous et votre famille nos remerciements, nos amitiés de tous trois.
    Votre ami
    Paul Bousquand

    - o -

    L'année suivante Claudius Allias reçoit la lettre suivante, datée du 18/09/1923 :

    Pouilly s/s 18/09/1923
    Monsieur Allias Tourret

    Pour vos intérêts d'abord faut-il les envoyer à vous personnellement ou au notaire
    Veuillez donc bien m'écrire à ce sujet
    Recevez Monsieur mes salutations distinguées
    Jules Burdy 

    Le 27 du même mois Claudius reçoit une nouvelle lettre :

    Je suis l'acquéreur de la propriété où est Mr Bousquand et je continue comme par le passé je veux dire par là que je reprend la place de Mr Paul Bousquand. Je vous envoi tout d'abord vos intérêts comme vous me dites par mandat poste.
    Pour le capital vous avez pris inscription qui finit je crois en 1925.

    Vous seriez donc bien aimable de me donner un peu plus de détail sur votre dû. A vous lire dans un prochain courrier.
    Recevez Monsieur mes sincères salutations.
    Votre bien dévoué
    Jules Burdy

    Les affaires semblent s'embrouiller un peu. Ci-après une lettre de Jules Burdy du 21 avril 1923 :

    Moi qui croyais que tous vos intérêts arriérés vous avait été payé seulement je me suis douté un peu de ce qui s'était passé j'ai versé à Mr Bousquand quelques jours avant la vente 1500 Fr pour vous et sur les 1500 vous en avez reçu 1100. En plus de ça le jour de la vente je lui ai versé 3000 Fr, alors si vous avez rien toucher de tout sa s'est moi qui suis la dupe de tout.
    Je vous demanderé de bien vouloir m'attendre un peu je dois toucher 20000 (vingt mille) Fr sur une propriété que j'ai vendu l'année dernière donc vous avez rien à craindre. Et pour plus ample renseignement vous pouvez vous renseigner à mon notaire maître Chopard à Seurre.
    Recevez Monsieur Claudius
    et vous prie d'agréer mes sincères salutations.
    Jules Burdy

    Nouvelle lettre datée du 16 février 1924

    Monsieur Allias
    Je vous envoyes ci contre par mandat lettre la somme de deux mille fr.

    Recevez Monsieur Allias mes salutations distinguées.
    Jules Burdy

    Et voici la dernière lettre de la série, datée du 25/02/1925

    Pouilly sur Saône le 25 Février 1925
    Mon cher Claudius,

    Il y a bientôt trois ans le 16 Mars 1923 que me demandant de l'argent que je vous devais, voyant que je ne pouvais pas vous en envoyer sans vendre ma propriété, ce qui a été fait et vendu à Mr Jules Burdy de Pouilly sur Saône. Je désirerai savoir si vous avez été payé par lui, me l'ayant dit le 19 Août 1924 le jour de la mort de ma pauvre fille Clotilde agée de dix neuf ans.
    De la somme de neuf mille neuf cents et de trois mille francs d'une reconnaissance que vous aviez acceptée par une lettre dont j'ai toutes les sommes en détail demandé par vous dont je pense vous en avez le double.
    En même temps qu'à vous j'écris à Me Groslier notaire à Artonne.
    Veuillez donc mon cher Claudius avoir la bonté de vous entendre avec votre notaire pour me donner une réponse le plutôt possible.
    Revevez, mon cher Claudius pour vous et votre famille toutes nos amitiés.
    Paul et Marguerite Bousquand

    - o -

     Nous n'avons pas la réponse à cette dernière lettre, on peut supposer qu'à cette époque l'affaire était soldée ... Mais quand on se souvient que le dernier prêt datait de 1886, il aura fallu presque 40 ans pour en voir le terme !

     - o -

     

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  • Madame Anne Drouaillet veuve Boillot est décédée en sa maison d'Artonne le 11 février 1909, ainsi que l'indique son acte de décès.

    Anne Drouaillet Décès

    Elle était âgée de 85 ans et 9 mois, et n'avait ni ascendants ni descendants, puisque son seul fils était mort en 1891 sans héritiers.

    Après les différents testaments olographes dont nous avons parlé plus haut, elle en avait déposé un chez Maître Charles Nony, notaire à Artonne. Nous pouvons en prendre connaissance par l'acte de notoriété suivant, daté du 28 juin 1909.

    Notoriété

    Par devant Me Nony, notaire à la résidence d'Artonne
    Ont comparu :

    1° Monsieur Gilbert Brunier Dubrouillet propriétaire
    2° Monsieur Jean François Vivier de la même profession
    Tous deux demeurant en cette ville d'Artonne.
    Lesquels ont par ces présentes attesté pour vérité et notoriété avoir parfaitement connu madame Anne Drouaillet veuve de monsieur Gilbert Thomas Boillot sans profession rentière habitant à Artonne et parfaitement savoir :
    Que ladite dame est décédée en son domicile à Artonne le onze Février dernier (mil neuf cent neuf) Veuve de Gilbert Thomas Boillot.
    Qu'elle est décédée sans ascendants ni descendants.
    Qu'après son décès il n'a point été dressé inventaire.
    Et qu'au terme de son testament authentique reçu par Me Nony notaire soussigné en présence de quatre témoins le huit janvier mil neuf cent neuf enregistré elle a institué pour ses légataires universels conjointement et par égalité entre eux Elie et Marcelle Allias frère et sœur tous enfants de Claudius Allias-Tourret serrurier à Artonne, le premier employé à Paris ; la seconde en pension à Clermont Ferrand.
    Pour ces deux légataires conjoints être propriétaires à compter du jour du décès de la testatrice et jouir de tous les biens quels qu'ils soient composant sa succession.
    Que c'est à tort et par erreur si dans ce testament les deux légataires universels ont été prénommés l'un Elie l'autre Marcelle Allias tandis que la vérité est qu'ils sont prénommés l'un Joseph Hélie Allias l'autre Anne Marcelle Allias enfants de Blaise Claudius dit Claudius Allias et de Françoise Mélanie Tourret ; qui sont leurs véritables prénoms et qu'il y a parfaite identité entre les personnes désignées audit testament Elie Allias et Marcelle Allias et Joseph Hélie Allias employé habitant à Paris et Anne Marcelle Allias pensionnaire à Clermont Ferrand tous deux enfants de Blaise Claudius Allias serrurier et de Françoise Mélanie Tourret avec observation que mademoiselle Anne Marcelle Allias pensionnaire à Clermont Ferrand est encore mineure.
    A l'appui de leurs déclarations les comparants nous ont produit :
    1° La minute du testament de la Decujus laquelle est en notre possession.
    2° La copie sur timbre délivrée par l'adjoint faisant fonction de maire de la commune d'Artonne, de l'acte de décès de madame Anne Drouaillet veuve de Gilbert Thomas Boillot, cette dernière pièce est demeurée jointe à la minute des présentes après la mention d'usage et après avoir été certifiée des comparants.
    Dont Acte
    Fait et passé à Artonne en l'étude 
    L'an mil neuf cent neuf
    Le vingt huit juin
    Lecture faite les comparants ont signé avec Me Nony notaire
    A la minute sont les signatures
    Enregistré à Aigueperse ...

    Vous avez compris, Elie Allias et sa sœur Marcelle héritent de tous les biens de Mme Boillot. Elie est alors âgé de 22 ans 1/2 et travaille à Paris, Marcelle est âgée de 16 ans 1/2 et est pensionnaire à l'Ecole Primaire Supérieure de Jeunes Filles de Clermont-Ferrand.

    Nous ne connaissons pas le montant de l'héritage, ni l'usage qui en a été fait. Le seul élément certain sur ce point nous renvoie au mariage de Marcelle Allias et Auguste Desnier le 23 novembte 1919 : leur contrat de mariage comporte la clause suivante 

    Contrat mariage Desnier-Allias

    Marcelle Allias apporte la somme de 20000 (vingt mille) Francs au mariage, somme importante pour l'époque. On peut légitimement penser que l'essentiel de cette somme provient de l'héritage de Mme Boillot. A titre d'exemple 20000 Fr de 1910 représentent plus de 73000 euros actuels. De quoi mettre un peu de beurre dans les épinards !!!

    - o -

    Au décès de son mari Gilbert Boillot, Anne Drouaillet a fait construire en 1894 le caveau familial au cimetière d'Artonne. Elle a évidemment été inhumée dans ce caveau à son décès.

    Caveau Boillot-Drouaillet

    Pour mémoire la grille de ce caveau a été réalisée par Claudius Allias.

    Ce caveau fait aussi partie de l'héritage des Boillot. Comme il y restait de la place il a été repris dans les années 1980 par les enfants de Marcelle Allias. Voilà pourquoi certains d'entre eux et leurs conjoints accompagnent aujourd'hui Gilbert Boillot et Anne Drouaillet dans leur dernier voyage ...

     

     


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