• La vie d'un demi-solde

    De retour à Besançon après son mariage Pierre Marie Boillot établit le 24 novembre 1816 une requête pour essayer de prouver qu'on lui avait promis et qu'il méritait (!?) la Légion d'Honneur à plusieurs reprises au cours de sa vie militaire. Et il fait contresigner cette demande par plusieurs officiers de son ancien régiment. Voilà ce document.

    Requête LH

    Requête LH

    Requête LH

    Le 20 février 1817 il est autorisé à jouir du traitement de non-activité attribué à son grade.

    Le 24 avril 1817 il est autorisé à fixer son domicile à Artonne

    Domicile

    De mes souvenirs scolaires, qui sont bien lointains, il me semble que les demi-soldes n'étaient pas grassement payés, et Pierre Marie Boillot devait bien subvenir aux besoins de sa femme et de son fils. Est-ce pour cela qu'il est venu s'installer à Artonne ? La vie était-elle plus facile auprès de sa belle-famille ? Toujours est-il que nous le retrouvons en 1819.

    Capacité Enseignement primaire

    Autorisation Enseignement primaire

    Oui vous avez bien lu : le 4 septembre 1819 il se retrouve instituteur à Saint-Myon, à deux pas d'Artonne. Je dédie ces deux documents à tous ceux qui galèrent de nos jours pour passer le concours de professeur des écoles !!! 

     Avait-il la vocation ? Ce n'est peut-être pas si sûr car un an plus tard, le 5 septembre 1820 il est autorisé à habiter à Paris. Pour quelle activité ? Nous l'ignorons.

    Paris

    Et le 31 octobre 1820 nous apprenons qu'il a été passé en revue, ce qui lui permettra de continuer à recevoir le traitement attribué à son grade.

     - o -

    Le document suivant nous permet de retrouver Pierre Marie Boillot le 6 mai 1826, Il habite maintenant Pouilly-sur-Saône, petite commune de Côte d'Or du canton de Brasey-en-Plaine, à proximité de Seurre. Il est question du paiement de son traitement de demi-solde.

    Le traitement des demi-solde est en train d'évoluer, le pouvoir le règlant par l'ordonnance royale du 21 mars 1828, confirmée le 2 mai suivant à Pierre Marie Boillot par le document ci-après.

     Ordonnance royale

    Ordonnance royale

    Et depuis le 1er juillet 1828 il reçoit une pension annuelle de 450 francs, dont il a confirmation le 14 mars 1829.

    Pension annuelle

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    Le 8 août 1830 le maire de Pouilly-su-Saône établit ce certificat "d'honneur et probité" dont nous ne connaissons pas l'usage.

    Certificat Mairie

    Le premier novembre 1831 Pierre Marie Boillot est élu Capitaine en 1er de la Compagnie de la Garde Nationale de Pouilly-sur-Saône. Rappelons que Louis-Philippe est Roi des Français depuis un peu plus d'un an.

    Garde Nationale

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    Le 12 août 1835 il est question de retraite ...

    Retraite ?

    Retraite ?

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    Le certificat ci-dessous est établi par M Mollerat de Pouilly, Directeur de la Manufacture de Pouilly le 8 juillet 1838. Je vous le décrypte ci-après :

    Je certifie que Monsieur Boillot (Pierre Marie) ancien officier a été à mon service pendant dix neuf ans, et que pendant ce temps, il s'est conduit d'une manière convenable sous le rapport du travail et que sa probité est irréprochable sous tous les rapports.

    En foi de quoi je lui ai délivré le présent certificat pour lui servir en cas de besoin.

    pp de Mollerat de pouilly                                        
    Laurent                                                         

    Vu par nous Maire de la commune de Pouilly sur Saône pour la légalisation de la signature ci-dessus

    Pouilly sur Saône le 8 Juillet 1838

                                               Trivier

    Certificat Manufacture Pouilly

    Une question au passage : si vous calculez bien, 19 ans par rapport à la date de ce document, cela nous ramène à 1819. Alors, qu'est-ce que Pierre Marie est allé faire à Paris en 1820 ? Travaillait-il déjà pour la même entreprise ?

    Autre remarque : nous retrouverons le nom de Mollerat ultérieurement, dans les relations de Thomas Gilbert Boillot.

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    Vous trouverez ci-après le projet ou le double d'une lettre datant probablement de la fin de l'année 1848. En effet il y est précisé que Pierre Marie Boillot (même s'il n'est pas nommé, c'est de lui qu'on parle) vient d'avoir 61 ans, or il est né le 9 juin 1788. On y parle également de République, nous sommes donc bien sous la IIe République. Enfin on y parle d'un décret du 16 septembre de la même année. Cette lettre reprend en termes presque identiques les arguments développés le 24/11/1814 (cf en début de cette page) par les officiers de son régiment concernant l'attribution de la Légion d'Honneur. Cette fois il demande la concession d'un bureau de tabac.

    Monsieur le ministre des finances

    Le soussigné a l'honneur d'invoquer votre sollicitude en faveur d'un ancien militaire que ses fatigues et maladies, résultat des souffrances éprouvées dans les laborieuses campagnes de l'Empire de 1804 à 1815 ont mis dans l'impossibilité de subvenir à ses besoins matériels.

    Tant que ses forces lui ont permis de s'occuper pour vivre, il s'est abstenu de faire aucune demande de secours à l'Etat ; pourvoyant  à son existence par le salaire de son travail et la modeste pension qu'il recevait à titre de traitement de réforme.

    Aujourd'hui qu'il a atteint l'âge de 61 ans et qu'il lui est impossible de trouver de l'occupation à cause de ses infirmités, il se trouve forcé de s'adresser au gouvernement de la République pour l'aider dans les derniers jours de son existence.

    En conformité des prescriptions du décret du 16 7bre [septembre] dernier, il expose ci-bas les titres qui peuvent lui donner droit à une demande de secours qu'il fait en la concession d'un bureau de tabac.

    Enrôlé volontaire à l'âge de 16 ans il a fait les campagnes des années 1806 et 1807 en Allemagne 1808-1809-1810-1811-1812-1813 en Espagne 1814 aux Pyrénées et celle de 1815 à l'armée de la Moselle. Le certificat ci-joint fait foi de ce qu'il atteste. Il a reçu plusieurs blessures qui ne l'ont pas mis dans le cas de mutation -heureusement- bien que leur effet se fasse sentir encore journellement.

    Il a été proposé pour la décoration 

    1° à l'affaire d'Irapilu le 23 mai 1812 étant adjudant sous-officier.

    2° à la bataille de Toulouse le 10 avril 1814 -au milieu de l'action- le lieutenant général Baron d'Arricau présenta au soussigné commandant la compagnie de voltigeurs le ruban de la Légion d'Honneur qu'il détacha de son habit en témoignage de la bravoure qu'il venait de montrer sous ses yeux et aux yeux de toute l'armée. Le soussigné fut proposé le lendemain 11 avril par le Conseil d'Administration pour la décoration et l'emploi d'adjudant major.

    3° Compris sur l'état de MMrs les officiers du régiment proposés à Sa Majesté pour la décoration à la réorganisation en 1814. Cet état fut présenté à Monseigneur le duc de Berry, à la Revue que son Altesse passa du régiment à Metz peu après son organisation et elle n'accorda la décoration qu'à ceux de MMrs les officiers venant à la Revue, et le soussigné fut privé de cette faveur spéciale, étant alors absent et détaché avec sa compagnie au fort de Bitche.

    Les événements amenés par la rentrée des Bourbon en 1814 et 1815 ont empêché la confirmation de sa nomination comme Légionnaire.

    L'exposé de sa situation lui fait espérer que Monsieur le ministre des finances, reconnaîtra la suffisance de ses titres, à l'obtention de sa demande.

    Dans cette espoir j'ai l'honneur d'être

    Monsieur

    Votre très humble serviteur

    Rien ne dit que satisfaction ait été donnée à cette demande.

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    Vous trouverez ci-après une lettre du Secrétaire Général de la Grande Chancellerie de l'Ordre Impérial de la Légion d'Honneur adressée à "Monsieur Rouher, Vice-Président du Conseil d'Etat, Président de la section de Législation, de la Justice et des Affaires Etrangères" en date du 18 janvier 1855. Où l'on découvre que Pierre Marie Boillot n'a toujours pas renoncé à se voir attribuer cette distinction. Il a alors près de 67 ans et on peut penser que sa retraite serait bien améliorée avec les à-côtés liés à la médaille.

    Le fait que Claudine Rozier, épouse de Pierre Marie Boillot, ait deux belles-sœurs Rouher a probablement joué un rôle dans cette ultime tentative (voir à ce sujet le bas de la page pierre-marie-boillot)

    Légion d'Honneur

    Légion d'Honneur

    Légion d'Honneur

    J'imagine qu'il s'agit de l'épilogue de la démarche entreprise 41 ans avant, le 26/11/1816, pour faire reconnaître son droit à cette distinction qu'il n'a jamais obtenue.

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    Claudine Rozier, femme de Pierre Marie Boillot et mère de Gilbert Thomas, meurt le 15 juin 1855 en son domicile d'Artonne, où le couple était venu finir ses jours. Elle avait 72 ans. Voilà son acte de décès.

    Rozier Claudine Décès

    Pierre Marie Boillot est décédé le 13 septembre 1859 également à Artonne. Il était âgé de 71 ans. Vous trouverez ci-après son acte de décès

    18590913 Boillot Pierre Marie Décès

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