• De retour à Besançon après son mariage Pierre Marie Boillot établit le 24 novembre 1816 une requête pour essayer de prouver qu'on lui avait promis et qu'il méritait (!?) la Légion d'Honneur à plusieurs reprises au cours de sa vie militaire. Et il fait contresigner cette demande par plusieurs officiers de son ancien régiment. Voilà ce document.

    Requête LH

    Requête LH

    Requête LH

    Le 20 février 1817 il est autorisé à jouir du traitement de non-activité attribué à son grade.

    Le 24 avril 1817 il est autorisé à fixer son domicile à Artonne

    Domicile

    De mes souvenirs scolaires, qui sont bien lointains, il me semble que les demi-soldes n'étaient pas grassement payés, et Pierre Marie Boillot devait bien subvenir aux besoins de sa femme et de son fils. Est-ce pour cela qu'il est venu s'installer à Artonne ? La vie était-elle plus facile auprès de sa belle-famille ? Toujours est-il que nous le retrouvons en 1819.

    Capacité Enseignement primaire

    Autorisation Enseignement primaire

    Oui vous avez bien lu : le 4 septembre 1819 il se retrouve instituteur à Saint-Myon, à deux pas d'Artonne. Je dédie ces deux documents à tous ceux qui galèrent de nos jours pour passer le concours de professeur des écoles !!! 

     Avait-il la vocation ? Ce n'est peut-être pas si sûr car un an plus tard, le 5 septembre 1820 il est autorisé à habiter à Paris. Pour quelle activité ? Nous l'ignorons.

    Paris

    Et le 31 octobre 1820 nous apprenons qu'il a été passé en revue, ce qui lui permettra de continuer à recevoir le traitement attribué à son grade.

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    Le document suivant nous permet de retrouver Pierre Marie Boillot le 6 mai 1826, Il habite maintenant Pouilly-sur-Saône, petite commune de Côte d'Or du canton de Brasey-en-Plaine, à proximité de Seurre. Il est question du paiement de son traitement de demi-solde.

    Le traitement des demi-solde est en train d'évoluer, le pouvoir le règlant par l'ordonnance royale du 21 mars 1828, confirmée le 2 mai suivant à Pierre Marie Boillot par le document ci-après.

     Ordonnance royale

    Ordonnance royale

    Et depuis le 1er juillet 1828 il reçoit une pension annuelle de 450 francs, dont il a confirmation le 14 mars 1829.

    Pension annuelle

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    Le 8 août 1830 le maire de Pouilly-su-Saône établit ce certificat "d'honneur et probité" dont nous ne connaissons pas l'usage.

    Certificat Mairie

    Le premier novembre 1831 Pierre Marie Boillot est élu Capitaine en 1er de la Compagnie de la Garde Nationale de Pouilly-sur-Saône. Rappelons que Louis-Philippe est Roi des Français depuis un peu plus d'un an.

    Garde Nationale

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    Le 12 août 1835 il est question de retraite ...

    Retraite ?

    Retraite ?

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    Le certificat ci-dessous est établi par M Mollerat de Pouilly, Directeur de la Manufacture de Pouilly le 8 juillet 1838. Je vous le décrypte ci-après :

    Je certifie que Monsieur Boillot (Pierre Marie) ancien officier a été à mon service pendant dix neuf ans, et que pendant ce temps, il s'est conduit d'une manière convenable sous le rapport du travail et que sa probité est irréprochable sous tous les rapports.

    En foi de quoi je lui ai délivré le présent certificat pour lui servir en cas de besoin.

    pp de Mollerat de pouilly                                        
    Laurent                                                         

    Vu par nous Maire de la commune de Pouilly sur Saône pour la légalisation de la signature ci-dessus

    Pouilly sur Saône le 8 Juillet 1838

                                               Trivier

    Certificat Manufacture Pouilly

    Une question au passage : si vous calculez bien, 19 ans par rapport à la date de ce document, cela nous ramène à 1819. Alors, qu'est-ce que Pierre Marie est allé faire à Paris en 1820 ? Travaillait-il déjà pour la même entreprise ?

    Autre remarque : nous retrouverons le nom de Mollerat ultérieurement, dans les relations de Thomas Gilbert Boillot.

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    Vous trouverez ci-après le projet ou le double d'une lettre datant probablement de la fin de l'année 1848. En effet il y est précisé que Pierre Marie Boillot (même s'il n'est pas nommé, c'est de lui qu'on parle) vient d'avoir 61 ans, or il est né le 9 juin 1788. On y parle également de République, nous sommes donc bien sous la IIe République. Enfin on y parle d'un décret du 16 septembre de la même année. Cette lettre reprend en termes presque identiques les arguments développés le 24/11/1814 (cf en début de cette page) par les officiers de son régiment concernant l'attribution de la Légion d'Honneur. Cette fois il demande la concession d'un bureau de tabac.

    Monsieur le ministre des finances

    Le soussigné a l'honneur d'invoquer votre sollicitude en faveur d'un ancien militaire que ses fatigues et maladies, résultat des souffrances éprouvées dans les laborieuses campagnes de l'Empire de 1804 à 1815 ont mis dans l'impossibilité de subvenir à ses besoins matériels.

    Tant que ses forces lui ont permis de s'occuper pour vivre, il s'est abstenu de faire aucune demande de secours à l'Etat ; pourvoyant  à son existence par le salaire de son travail et la modeste pension qu'il recevait à titre de traitement de réforme.

    Aujourd'hui qu'il a atteint l'âge de 61 ans et qu'il lui est impossible de trouver de l'occupation à cause de ses infirmités, il se trouve forcé de s'adresser au gouvernement de la République pour l'aider dans les derniers jours de son existence.

    En conformité des prescriptions du décret du 16 7bre [septembre] dernier, il expose ci-bas les titres qui peuvent lui donner droit à une demande de secours qu'il fait en la concession d'un bureau de tabac.

    Enrôlé volontaire à l'âge de 16 ans il a fait les campagnes des années 1806 et 1807 en Allemagne 1808-1809-1810-1811-1812-1813 en Espagne 1814 aux Pyrénées et celle de 1815 à l'armée de la Moselle. Le certificat ci-joint fait foi de ce qu'il atteste. Il a reçu plusieurs blessures qui ne l'ont pas mis dans le cas de mutation -heureusement- bien que leur effet se fasse sentir encore journellement.

    Il a été proposé pour la décoration 

    1° à l'affaire d'Irapilu le 23 mai 1812 étant adjudant sous-officier.

    2° à la bataille de Toulouse le 10 avril 1814 -au milieu de l'action- le lieutenant général Baron d'Arricau présenta au soussigné commandant la compagnie de voltigeurs le ruban de la Légion d'Honneur qu'il détacha de son habit en témoignage de la bravoure qu'il venait de montrer sous ses yeux et aux yeux de toute l'armée. Le soussigné fut proposé le lendemain 11 avril par le Conseil d'Administration pour la décoration et l'emploi d'adjudant major.

    3° Compris sur l'état de MMrs les officiers du régiment proposés à Sa Majesté pour la décoration à la réorganisation en 1814. Cet état fut présenté à Monseigneur le duc de Berry, à la Revue que son Altesse passa du régiment à Metz peu après son organisation et elle n'accorda la décoration qu'à ceux de MMrs les officiers venant à la Revue, et le soussigné fut privé de cette faveur spéciale, étant alors absent et détaché avec sa compagnie au fort de Bitche.

    Les événements amenés par la rentrée des Bourbon en 1814 et 1815 ont empêché la confirmation de sa nomination comme Légionnaire.

    L'exposé de sa situation lui fait espérer que Monsieur le ministre des finances, reconnaîtra la suffisance de ses titres, à l'obtention de sa demande.

    Dans cette espoir j'ai l'honneur d'être

    Monsieur

    Votre très humble serviteur

    Rien ne dit que satisfaction ait été donnée à cette demande.

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    Vous trouverez ci-après une lettre du Secrétaire Général de la Grande Chancellerie de l'Ordre Impérial de la Légion d'Honneur adressée à "Monsieur Rouher, Vice-Président du Conseil d'Etat, Président de la section de Législation, de la Justice et des Affaires Etrangères" en date du 18 janvier 1855. Où l'on découvre que Pierre Marie Boillot n'a toujours pas renoncé à se voir attribuer cette distinction. Il a alors près de 67 ans et on peut penser que sa retraite serait bien améliorée avec les à-côtés liés à la médaille.

    Le fait que Claudine Rozier, épouse de Pierre Marie Boillot, ait deux belles-sœurs Rouher a probablement joué un rôle dans cette ultime tentative (voir à ce sujet le bas de la page pierre-marie-boillot)

    Légion d'Honneur

    Légion d'Honneur

    Légion d'Honneur

    J'imagine qu'il s'agit de l'épilogue de la démarche entreprise 41 ans avant, le 26/11/1816, pour faire reconnaître son droit à cette distinction qu'il n'a jamais obtenue.

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    Claudine Rozier, femme de Pierre Marie Boillot et mère de Gilbert Thomas, meurt le 15 juin 1855 en son domicile d'Artonne, où le couple était venu finir ses jours. Elle avait 72 ans. Voilà son acte de décès.

    Rozier Claudine Décès

    Pierre Marie Boillot est décédé le 13 septembre 1859 également à Artonne. Il était âgé de 71 ans. Vous trouverez ci-après son acte de décès

    18590913 Boillot Pierre Marie Décès

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  • Ainsi que nous l'avons déjà signalé, Anne Drouaillet est née le 15 mai 1823 à Mirebeau-sur Bèze (Côte d'Or) comme l'indique son acte de naissance.

    Drouaillet Anne Naissance

    Elle est la fille de Louis Joseph, Huissier à Mirebeau, âgé de 34 ans, et de Jeanne Blancard, 37 ans, blanchisseuse à son mariage. Son père Louis Joseph est né le 2 avril 1789 à Dampierre-sur-Salon (70), il est le fils de Simon, né le 7 avril 1759 à Percey-le-Petit déjà Huissier à Mirebeau, et de Anne Claude Boilly.

    Sa mère Jeanne Blancard est originaire de Renève (21) où elle est née le 26 mars 1786, fille de Jean Baptiste, Propriétaire, et d'Elisabeth Crevoisier.

    Louis Joseph Drouaillet et Jeanne Blancard se sont mariés à Renève (21) le 29 octobre 1816 comme l'indique l'acte de mariage ci-après.

    Mariage Drouaillet Blancard

    Mariage Drouaillet Blancard

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    Anne est la dernière d'une fratrie de 4 enfants, dont deux morts en bas-âge.

    Sa sœur aînée s'appelle Anne Claude, mais se fait aussi appeler Anne. Elle est née le 25 juillet 1817 à Mirebeau.

    Drouaillet Anne Claude Naissance

    Drouaillet Anne Claude Naissance

     Vient ensuite une autre fille prénommée Margueritte née le 02/03/1819, qui meurt 4 jours plus tard.

    Drouaillet Margueritte Naissance

     

    Drouaillet Margueritte Décès

    Drouaillet Margueritte Décès

     Le 2 octobre 1821 le couple donne naissance à un garçon prénommé François Louis, qui s'éteindra le 3 août 1822.

    Drouaillet François Louis Naissance

    Drouaillet François Louis Décès

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    Les deux sœurs Drouaillet vont se retrouver orphelines assez jeunes, puisque leur mère Jeanne Blancard meurt le 26 août 1832 à Mirebeau. L'aînée a alors 15 ans et la seconde 9 ans.

    Blancard Jeanne Décès

    Leur père Louis Joseph Drouaillet meurt le 10 août 1834, toujours à Mirebeau.

    Drouaillet Louis Joseph Décès

    Je pense que les deux filles sont alors prises en charge par leur grand-mère Anne Claude Boilly, rentière, dont le mari est mort le 11/05/1829, qui habite Mirebeau.

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    Anne Claude Drouaillet se marie à Mirebeau le 5 janvier 1836 avec François Xavier Bader, facteur de pianos à Dijon. Il est né à Dijon le 18/12/1805, son père portait le même prénom et était déjà facteur de pianos.

    Bader-Drouaillet Mariage

    Bader-Drouaillet Mariage

    Bader-Drouaillet Mariage

    Bader-Drouaillet Mariage

    Bader-Drouaillet Mariage

    Le couple Bader aura 3 enfants. Le premier est un garçon né le 6 avril 1837 à Dijon. Il se prénomme François Xavier comme son père.

    Bader François Xavier Naissance

     

    Le second se prénomme Pierre Henri, il est né le 1er octobre 1847.

    Bader Pierre Henri Naissance

    Bader Pierre Henri Naissance

    La troisième est une fille, Jeanne Julie Léonie, née le 14 octobre 1850.

    Bader Jeanne Julie Léonie Naissance

    Elle ne vivra malheureusement pas longtemps puisqu'elle meurt le 1er août 1854 et n'a pas encore 4 ans.

    Bader Jeanne Julie Léonie Décès

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     François Xavier Bader père, le facteur de pianos, meurt à Dijon le 2 janvier 1856 à l'âge de 50 ans.

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     Cliquez sur le lien pour la page suivante «marchand-de-couleurs-a-dijon»

     


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  • Nous disposons d'une série de lettres provenant de Pouilly-sur-Saône adressées à Gilbert Thomas Boillot [Rappelons que nous l'appelons maintenant Gilbert, son prénom d'usage] pendant l'année 1848 et signées Victor Mollerat. Le même homme que celui chez qui son père Pierre Marie travaillait ? En fait ce dernier était dans la même entreprise, mais travaillait pour Bernard-Mathieu Mollerat, cousin de Victor. Cette correspondance éclaire en tout cas la nature des activités de Gilbert, qui ne se contentait manifestement pas d'être un petit boutiquier de province. Elle éclaire aussi la nature des liens qui lient les deux hommes, qui vont bien au-delà des relations d'affaires courantes.

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    Au fait, 1848, ça vous rappelle quelque chose ? Rappelons, pour ceux qui l'auraient oublié (!!!)  que le roi Louis-Philippe abdique le 24 Février, laissant place à la IIème République qui elle-même cédera la place au second Empire. Gilbert Boillot suit les choses avec passion, il semble être un républicain très engagé. Certains passages de ces lettres soulignent explicitement l'intérêt que les deux protagonistes portent à la chose publique.

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    Lettre du 12 janvier 1848 de Victor Mollerat à Gilbert Boillot

    Pouilly S. S. le 12 janvier 1848

    Mon cher Gilbert j'ai reçu la lettre que tu m'as adressée avant ton départ pour Paris, et celle que tu m'as adressée depuis ton retour.

    Si je n'ai pas répondu à la première, où tu m'annonçais devoir me dire l'époque de ton départ pour cette ville c'est que j'attendais d'un jour à l'autre cet avis que je n'ai point reçu à regret, car j'aurais pu te donner 2 commissions peu embarrassantes pour Paris. Je les ai fait faire par madame Douhin qui s'en est moins bien tirée que toi. Il m'a été impossible vu mes occupations très nombreuses de répondre à la seconde, ce dont je suis fâché.

    Je vois que tu as presque traité de la vente de ton magasin, les conditions de ton jeune homme me paraissent bonnes, seulement fais bien attention que la caution soit sûre et surtout bien en règle, c'est le point capital de ton affaire.

    Il m'est de toute impossibilité d'aller à Dijon maintenant j'ai trop à faire, et je désirerais bien te voir. Je t'engage donc à moins qu'il n'y ait impossibilité matérielle, à profiter de l'occasion suivante. Samedi j'enverrai Guillot porter une très forte somme aux messageries Lafitte, la chose valant la peine de déranger, il reviendra dimanche matin. Je t'engage à profiter de cette occasion, tu seras dimanche de bonne heure ici, nous passerons la journée ensemble, et si tu as absolument besoin de rentrer de suite à Dijon, la voiture de Fertet passant à 6 heures du matin au bout de l'allée t’emmènera lundi faire ce qu'il te conviendra, mais je te le répète, je serais bien aise de te voir pour causer avec toi de diverses choses importantes.

    Bertrand m'a dit t'avoir vu, et avoir appris tes intentions à l'égard de la vente de ton magasin. J'ai fait l'étonné, ces sortes d'affaires demandent en général peu de confidents.

    Je compte presque sûrement te voir dimanche matin, en attendant je te présente l'assurance de mon amitié sincère.

    Vor Mollerat

    J'ai été peiné que tu ne m'ais pas dit un mot de l'état général de maladie de ta famille, m'y étant toujours intéressé. Heureusement que tu en as fait part aux autres qui me l'ont appris

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     Lettre du 21 janvier 1848, du même au même.

    Pouilly S. S. le 21 janvier 1848

    Mon cher Gilbert j'espère que tu es rentré en bonne santé, sauf la chaleur qui est plus que mince aujourd'hui.

    J'ai retrouvé mes anciennes pièces de Chabeuf pour les hypothèques, les frais d'enregistrement dans ce genre d'affaires s'élèvent à 1.60 par cent environ, ainsi la somme de 341 annoncée par monsieur Perreaud pour l'inscription de 15,000 F à ton profit doit être exacte. Tu n'as plus à te tourmenter sur ce point.

    Quant aux renseignements à prendre sur la validité de cette inscription par monsieur Huan, c'est à lui de fournir toutes les pièces en règle, autrement vos conventions seraient nulles, et tu aurais le droit de reprendre purement et simplement ton magasin, sans qu'il pût te demander l'indemnité stipulée à 50,000 Fr d'après vos accords. Le seul inconvénient dans ce cas serait que la bonne affaire que tu viens de faire n'aurait plus lieu, il y a tout à espérer que rien de semblable n'aura lieu. Tu peux dormir tranquille.

    Je te rappelle le petit Charles à placer soit dans un café, soit dans un hôtel, mais dans ce dernier cas, les parents ne sont pas à même ou ne veulent pas payer d'apprentissage. Fais pour le mieux.

    Nous aurions besoin de 2 fûts de 300 litres environ chaque, mais guère au dessus, ayant tenu uniquement alcool ou liqueurs non colorées, pour expédier 600 kilog acide de manufacture, tâche de nous les procurer au mieux.

    Salut des plus amicaux

    V. Mollerat

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    Lettre du 02/02/1848

    Lettre d'affaires

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    Lettre du 09/02/1848

    Lettre d'affaires. Il est aussi question de Henri, venu faire des achats à Dijon

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    Lettre du 10/02/1848 signée H Mollerat, probablement Henri, le frère de Victor

    Il est question des dimensions d'un lit qu'il a commandé la veille à Dijon.

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    Lettre du 14/02/1848

    Lettre d'affaires

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    Lettre du 16/02/1848

    A nouveau Henri pour ses achats

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    Pouilly S. S. le 23 février 1848

    Mon cher Gilbert, j'ai reçu ta lettre ainsi que le bulletin de négociation, je t'en remercie.

    Nous sommes dans l'anxiété sur le résultat du banquet d'hier. Je compte aller ce soir à Seurre pour y voir Perron à son arrivée, il aura sans doute quelques nouvelles, devant s'en informer puisqu'il est patriote.

    Sur l'argent reçu de mess. Quinche, je te prie de faire un groupe de 2000 Fr que tu feras partir par les messageries Lafitte le 25 à l'adresse de j.j. Douhin 6 rue des vieilles Haudriettes à Paris, le tout contre reçu, enfin en règle. C'est pour payer le 29 février courant.

    Si les nouvelles de Paris annonçaient un mouvement complet et de révolution qui suspendrait naturellement toute affaire et tout paiement, il ne faudrait peut-être pas expédier le groupe, tu en jugeras et feras ce qui te paraîtra raisonnable, étant plus à même que moi à Dijon de pouvoir apprécier la situation des choses.

    D'après le National de lundi, il n'y aurait pas de choc à redouter, mais on ne sait ce qui peut arriver.

    Fais moi le plaisir de toucher sans avoir l'air de rien un mot à Jules C... du procès qui [est] en jugement pour nous et dans lequel il est juge ... et de me transmettre ce qu'il en pense. Sans rien cacher, d'après J. B... tous les juges étaient pour nous. En attendant de bonnes nouvelles

    Je te serre amicalement la main.

    Vor Mollerat

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    Lettre du 25/02/1848

    Cette lettre est adressée à Gilbert Boillot  par un correspondant Parisien, qui signe "ton avoué" et l'informe des dernières évolutions politiques. Vous pouvez vérifier, les noms indiqués pour les membres du gouvernement sont bons !!!

    25 fev 2 heures Soir

    Mon cher Boillot

    Ignorant si vous avez à Paris un ami chargé de vous informer des événements qui se passent depuis 3 jours et connaissant v/ [votre] patriotisme j'ai pensé que vous apprendriez avec plaisir le résultat de l'agitation dont les journaux vous ont informé.

    A l'heure à laquelle je vous écris, la déchéance du Roi est prononcée, la république est prononcée ! v/ député fait partie du nouveau Gouvernement. Dupont de l'Eure, Président, Léon, Lamartine, Marie etc enfin les journaux v/ donneront les détails que le temps ne me permet pas en ce moment car le tambour me réclame.

    Ton avoué

    Lettre à Gilbert Boillot du 25/02/1848

     Lettre à Gilbert Boillot du 25/02/1848

    Lettre à Gilbert Boillot du 25/02/1848

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    Retour aux lettres de Victor Mollerat à Gilbert Boillot

    Pouilly S. S. le 29 février 1848

    Mon cher Gilbert, j'ai reçu tes divers paquets et lettres, je te remercie de toute la complaisance que tu mets à m'instruire des nouvelles. Tout marche au mieux, Paris est admirable, il faut que la province y réponde.

    Nous avons nettoyé hier la mairie de Pouilly, et remplacé le petit pouvoir de Pouiley par une commission composée de Emile, Vernaud, Delorme et moi. Le maire avait déclaré qu'il ne partirait pas sans y être forcé, mais il s'est ravisé et est devenu très doux.

    Mets en route s'il te plaît le 1er mars par Lafitte, les deux groupes de 3000 et 2000 Fr adresse de Douhin et envoie moi par Fertet les 447 Fr restant.

    A l'égard des affaires de garde nationale, mon habit est défait depuis 8 jours, mon shako n'est pas mettable vu que les rats s'en sont emparés, les galons d'argent sont noirs comme de l'encre, et tu serais dans l'impossibilité matérielle de t'en servir. Je t'envoie par Fertet mon sabre, mes épaulettes de lieutenant et mon [xxx] que tu rendras quand tu n'en auras plus besoin.

    Monsieur Dervaut (?) arrive ce soir et loge chez Bertrand. Bon signe.

    Pense-tu pouvoir disposer de 1000 à 2000 Fr espèces en mars pour moi, j'en aurais bien besoin.

    Je tâcherai d'aller samedi soir ou dimanche à Dijon.

    Salut très amical

    Vor Mollerat

    Douhin est rentré à Paris, il est dans un état de joie des plus vifs

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    Lettre du 07/03/1848

    Affaires ... Puis on passe à la politique :

    J'attends de tes nouvelles, que fait-on à Dijon. Raspail et Cabet menteurs (?) les ouvriers à Paris, suivant Douhin, ce sont de mauvais cytoyens. Il faut espérer cependant que tout ira bien. Le courage ne doit pas manquer.

    Je t'écris à la hâte et attends de tes nouvelles, en te serrant la main.

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    Lettre du 18/03/1848

    Affaires ... Puis

     La nomination d'Aug. Petit comme procureur général sera blâmée par tout le monde. C'est une place au-delà de ses forces, quoiqu' homme très moral et excellent patriote, personne ne le conteste, il n'a pas de moyens, et est de plus homme très passionné et sans jugement. Il n'est pas fait pour être magistrat, surtout dans une place aussi majeure. Sa nomination est due à la camaraderie, mauvaise chose en république.

    Dis moi quels sont les hommes portés à Dijon pour députés. On m'a dit que c'était Hernoux, Monnet, Magnin Philippon. Monnet est bon, les deux autres sont nuls, comme hommes, quoique excellents cytoyens.

    Il s'est trouvé dans ton cuivre 19 kg cuivre jaune, et 2 kilog fer. On t'a trompé, préviens le vendeur qu'on les rendra.

    Dis moi ce que tu as fait avec André pour les négociations, il nous pousse à tomber, c'est un mauvais homme.

    J'attends bientôt de tes nouvelles

    Salut et fraternité

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    Lettre du 19/03/1848

    Mon cher Gilbert,

    En rentrant j'ai trouvé deux lettres de Lyon, une de Marien qui m'a tranquillisé sur les affaires dont je te parlais hier, et une de Clache fort intéressante sur l'état de Lyon, et qui fait justice des alarmistes, Perron et autres. Tu la fera voir à James, elle l'intéressera et tu me la retourneras.

    Fais le mieux possible pour le marché de charbon de bois avec les petits marchands.

    Tu diras à James que la lettre de Lyon est faite par un républicain très prononcé Clache ancien ouvrier et ayant beaucoup d'influence sur eux.

    Demande à James s'il est certain qu'il s'établira un comptoir d'escompte à Dijon et quand à peu près, il présume qu'il marchera c'est bien important pour la Côte d'Or.

    Demande lui aussi s'il présume que le receveur général pourra disposer d'une partie de ses fonds pour les banquiers et si la demande en a été faite au gouvernement.

    Je te quitte à cause de l'heure du courrier, et te prie si tu apprends quelque chose de nouveau de m'instruire. J'ai de l'émoi (?) par dessus la tête et voudrais être au diable mille fois.

    Je te serre amicalement la main.

    Vor Mollerat

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    Lettre du 30/03/1848

    Mon cher Gilbert,

    Je t'ai écrit le 27, en t'envoyant trois remises que je te priais d'avoir de négocier si cela t'était possible et ne pouvait gêner tes propres affaires, chez Echalié ou Dunoyer. Ne recevant point de réponse je crains que cette lettre ne te soit pas parvenue, tu me feras donc grand plaisir de me dire un mot à cet égard. S'il t'était possible de sauter à Pouilly ne fut-ce que pour une soirée, cela me serait mille fois agréable, j'aurais bien des choses à te dire.

    Salut et fraternité.

    Vor Mollerat

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    Lettre du 07/04/1848

    Mon cher Gilbert, j'ai reçu tes lettres de Saulieu et Dijon, je te renvoie le billet de Lyon en ordre.

    Comme tu me disais que tu rentrerais vers le 8 à Dijon, j'espérais te trouver demain à Beaune où je vais. J'y compte trouver Carion. Je regrette bien vivement aussi que tu n'ais pas fini ta tournée en passant par Pouilly, j'avais des choses très importantes à te dire et nos dames désiraient bien te voir, surtout Lucile qui me demande tous les jours quand tu viendras, je vois que ce ne pourra être maintenant.

    Il me tarde de voir votre liste définitive de candidats à la députation, il parait qu'elle change tous les jours. Il ne faudra pas attendre la veille des élections pour en terminer, car il est utile d'entretenir nos populations des hommes qu'on propose, afin qu'on ne vote pas à droite et à gauche, le juste milieu mieux discipliné, marchant carrément, nous serions enfoncés.

    J'ai bien peur que ce malheureux Métiennet juge de paix ne soit révoqué à cause de ses opinions, il se trouverait sans ressources. Lucile a écrit à James pour lui, je crains que cela ne serve à rien. Aug. Petit n'a pas été heureux dans ses premiers choix d'avocats généraux, Vernier, Gautretet, Varraubey, Muteau, où diable avait-il mis son esprit. Mauvais débuts pour un grand magistrat.

    Rien ne peut surprendre en fait de chute de maisons même les plus fortes, si les choses durent ainsi encore 6 semaines, il n'y aura pas une maison debout. Personne ne paie plus, ne fait rien et dieu sait si d'ici fin mai les choses changeront, j'en doute. Les hommes à argent, de volonté veulent tout arrêter. La position est écrasante, pour 50 centimes on se ferait sauter la cervelle. Mais après tout il ne faut pas se plaindre car du mal actuel quelqu'épouvantable qu'il soit, il sortira un grand bien, je serais bien aise de te voir bientôt.

    Salut et fraternité.

    Vor Mollerat

    Si tu ne peux changer les billets de la banque de Lyon contre espèces envoie moi les, je tâcherai de les changer à Seurre.

    - o -

    Lettre du 12/04/1848

    Mon cher Gilbert, j'ai trouvé en arrivant de Chalon S.S. ta lettre du 8 et la lettre pour Courtois a été remise.

    Les 1004,90 espèces et billets de banque nous sont bien parvenus.

    J'ai vu à Chalon la plus belle fête populaire qu'il soit possible de voir, pour la plantation de l'arbre de la liberté. Je ne voudrais pas pour 2f + [pour 2 fois plus ?] bien que je ne sois pas riche ne m'y être pas trouvé, élan populaire sincère bien senti, bons discours, même ceux des prêtres, et par dessus tout pas une rixe, pas une discussion entre 15000 personnes, en majorité gens des campagnes voisines, jusqu'au Creusot, 12 grandes lieues. Je souhaite pour l'honneur de Dijon d'en faire une pareille.

    J'ai un besoin absolu de te voir, mes lettres te le faisaient présumer, tu me parles de 10 jours, la question n'est pas là. Prends la voiture de Fertet à 2 heures, tu repartiras le lendemain à 5h1/2 tu seras à 9h1/2 à Dijon, ainsi tu ne perdras que bien peu d'heures de travail. Je t'engage à venir demain si tu n'es retenu par des causes majeures.

    Je n'ai pas trouvé Carion à Beaune où je suis passé en allant et venant de Chalon, j'en ai été bien contrarié, car j'avais à lui parler. Tu me diras à Pouilly en t'informant vers lui quand il sera dans cette ville.

    Fais encaisser s'il te plaît l'effet ci-inclus par Lafitte et Caillard.

    Je ne t'en dis pas plus long, espérant demain soir 13 avril te voir à Pouilly. J'irai te recevoir au bout de l'allée.

    Salut et fraternité

    - o -

    Lettre du 14/04/1848

    Mon cher Gilbert j'ai reçu ta lettre et t'en remercie, je désire te voir le plus tôt possible ayant à te parler de choses importantes.

    Je te remets ci-joint Fr 1000 au 15 courant de Carion  frères. Aie la complaisance de l'encaisser et de joindre au sac 62,85 en espèces, que j'ai là mais que je ne puis t'envoyer que demain par Fertet.

    Tu feras un groupe du tout et l'adresseras par la diligence Lafitte à Messieurs Lhaintre Legras fils et Bourel à Rouen. Je te tiendrai compte des frais de transport de lettres etc à ta venue à Pouilly.

    Nous voilà au 15 avril et nous attendons toujours votre liste pour les élections du 23. Il est temps que nous l'ayons.

    Il me semble que Monnet devant être nommé député ne peut convenir pour être colonel, car on doit s'attendre que l'assemblée nationale durera 3 ans au moins en permanence du 1er janvier au 31 décembre, ainsi Monnet ferait un colonel en image comme les députés fonctionnaires sous Louis Philippe. Je ne dis pas que Vaudrey convienne, mais pour sabrer il l'emportera sur Monnet, vu que c'est un très brave militaire.

    - o -

    Lettre non datée (mais il y est question du 20 avril)

    Mon cher Gilbert,

    Je t'envoie la lettre de monsieur Huan, je pense que tu la trouveras bien. Je t'avais promis de t'envoyer la copie à la presse, mais il faut du papier particulier pour cela, et malgré mes recherches je n'ai pu en trouver. Je t'engage donc à faire recopier cette lettre par ta femme, et à envoyer la lettre de ta femme à monsieur Huan. Tu garderas la mienne comme  copie.

    J'aurais voulu t'envoyer la lettre pour ta tante de Clermont mais le temps me manque, tu la recevras dans peu de jours. J'ai une correspondance d'enfer ce jour. Je t'engage à demander officiellement 50 à 60 [p cent ?] des N° 1, 2, 3 et 4 et 50 [p?] sel désaturé, tu les laisseras à Huan ceci n'aura rien d'abusif et remplira ce qui t'est dû non réglé, que vaudrait le cuivre.

    J'espère que tu n'as pas été mouillé hier. Le club où tu manquais a été vif. Mauguin malgré ses discours à Seurre a reçu un [xxx]. J'ai parlé contre lui à l'égard de l'enseignement, il y a eu des cris "à bas Mauguin"  il n'aura point de voix à Pouilly à ce que je crois, ou guère. Si nous ne recevons point de vos nouvelles, nous porterons sur mon invitation : James - Carion - Monnet - Joigneaut & Beaune - Bougueret - Monnot - Grapin qui est digne tout à fait - Ledru Rollin* & Godard et Poussignol - on ne veut point de Coppens dans nos pays, où ses grandes bamboches sont connues, ce n'est pas ma faute, il eut mieux valu porter Maire de Montbard que Ledru Rollin qui sera nommé à Paris et au Mans. C'est du temps perdu et voilà tout, mais vous n'êtes pas fâché de nous faire user nos bottes à Dijon, où il paraît qu'elles ne coûtent rien à Seurre c'est 20 francs. Les gens des campagnes n'aiment pas les promenades inutiles, mais à Dijon on est plus fin. Je vous en fais mon compliment.

    J'ai payé 50 F [xxx] de Seurre pour aller crier à bas Boillot, à la rivière, le capitaine en 1er à la revue du 20 avril. Tu ne seras pas étonné de les entendre si je n'avais pas tout à faire, j'aurais marché à leur tête. Ce sera pour une autre fois.

    Salut amical

    V Mollerat

    * Le nom de Ledru Rollin vous rappelle peut-être quelques vieux cours d'Histoire ! C'est bien du même homme dont on parle, homme politique qui a joué un rôle important sinon majeur sous la IIème République, ministre de l'Intérieur, etc. Vous pouvez vous reporter par exemple à Wikipédia pour en savoir plus !!!

    - o -

     Lettre du 03/08/1848

    Mon cher Gilbert,

    D'après l'entretien que nous avons eu à Pouilly, et ton consentement de faire une petite tournée pour nous à Lyon, St Etienne, Genève et revenir par Besançon, j'en ai parlé à Emile qui a fort approuvé ce projet. Il n'en pouvait guère être autrement, car me laissant tout l'embarras de la situation qui n'est pas légère je t'assure, il ne pouvait qu'approuver les mesures que je prenais pour y parer.

    En conséquence si comme je n'en doute pas tu es toujours dans les mêmes dispositions, tu peux te préparer à partir. Il est urgent que ce soit le plus tôt possible, c'est-à-dire les premiers jours de la semaine prochaine. Je  t'expliquerai de vive vois la cause de la nécessité d'un prompt départ. J'irai samedi à Dijon en passant par Nuits et y arriverai par une des voitures publiques de [xxx]

    Je n'ai pas de conseil à te donner, mais il me semble qu'il n'est pas nécessaire que tu te fasses faire des habillements neufs, tu es assez beau cavalier pour parer même des loques, c'est à dire où il aurait des trous à passer un éléphant, mais si tu ne voyais pas les choses de même, mets toi en mesure de suite, car je voudrais déjà te voir en route. A samedi

    Salut des plus amicaux

    Dans nos conversations à Dijon, nous régulariserons tout ce qui sera nécessaire pour partir au plus tôt

    - o -

    Vous trouverez ci-après un projet de lettre, ou une copie, élaboré par Gilbert Boillot, probablement juste après la précédente. Il évoque la vente de son magasin à Dijon et sa prochaine installation à Clermont-Ferrand. Il fait surtout ses offres de service à son correspondant.

    Monsieur Biaucourd (Riaucourd ?)

    Venant de remettre mon magasin de couleurs, j'ai l'intention d'utiliser mon temps, trop jeune encore pour rester inactif, de m'occuper de représentation dans une ville importante, Clermont-Ferrand. Je viens vous mander s'il ne pourrait convenir à vos intérêts de me charger de ce soin pour les produits que vous vendez. Je pense sans vanité que je remplirai bien cette mission, ayant l'habitude des affaires, et le zèle et l'activité ne me manquant pas. Si ma proposition vous convenait, nous aurions à nous entendre sur les conditions ultérieurement, car ce n'est que dans quelques mois, après la liquidation des affaires de mon ancien commerce, que je pourrai m'établir définitivement dans la ville que je vous ai indiquée. En cas d'accord tous les renseignements que vous pourriez demander vous seraient transmis sur ma position personnelle soit par envoi, soit personnellement en faisant le voyage près de vous.

    Obligé de faire un voyage prochain à Lyon, St Etienne et Genève, je viens vous demander s'il pourrait vous être agréable que je m'occupasse du placement de vos huiles sur ces diverses places, à commission du taux d'usage, vous auriez alors à m'adresser vos cours, et le nom de vos correspondants dans ces diverses villes, en y joignant ceux des clients que vous pouvez avoir à Chalon et Mâcon, villes que je pourrais visiter en allant de Dijon à Lyon. Si même vous aviez quelques affaires litigieuses à traiter dans ces localités, je pourrais m'en occuper sur la remise par vous des documents nécessaires pour m'éclairer sur ces affaires.

    J'attends Monsieur une réponse prompte sur le contenu de ma lettre, devant partir pour Lyon d'ici au 10 août au plus tard,
    et vous présente dans l'attente d'une réponse favorable
    mes bien sincères salutations

    Lettre de T G Boillot

     

    - o -

    Lettre du 09/09/1848

    Mon cher Gilbert, je reçois ta lettre avec divers mandats s'élevant à 69,30 Fr que je vais m'occuper d'encaisser.

    Ce malheureux Courtois n'a pas pu payer le 31 août, j'ai remis la lettre et l'effet à Vincent huissier pour poursuivre, mais avec ménagement pour ne pas l'écraser, car il paraît réellement qu'il n'y a pas mauvaise volonté, mais bien impossibilité. La situation est si lourde que personne n'est maître de soi.

    Si je ne puis parvenir à encaisser ce qui est probable, je réglerai ton compte et t'enverrai ce qui te revient à l'établissement pour te faciliter ton paiement du net.

    La mort de madame Douhin m'a peiné au dernier point. J'aimais et j'estimais beaucoup cette femme qui était vraiment d'une grande bonté de caractère et je l'avais appréciée dans mes divers voyages à Paris. Les bons s'en vont et les mauvais restent.

    J'ai noté la commission d'Huan.

    Il serait possible que j'allasse te voir demain 10 pour te serrer la main mais ne t'occupe pas de mon arrivée, si j'arrive ce sera par Fertet le matin. Dieu sait ce qui arrivera d'ici ton retour d'Auvergne.

    Monsieur J.B. M... *est arrivé ici pour régler les comptes de l'inventaire du 1er mars, qui terminait le bail de 18 ans fait avec Mathieu. Il nous revenait pour nous deux Emile 40,000 Fr qui ont été rasés d'un coup de plume. Cet homme pousse la scélératesse et la mauvaise foi à un point que je n'aurais pas soupçonné. Nous avons eu une scène terrible, lui et moi hier. Je lui ai dit ce que je pensais de lui, sans m'inquiéter de ses emportements qui comme je lui ai dit, faisaient peu d'effet sur moi et ne m'effrayaient nullement. C'est une rupture et une guerre à mort, car je ne pense qu'à le punir de ses infamies et j'espère réussir.

    Je suis écrasé de misère et de chagrin, ma trop grande bonté et ma confiance envers les uns et les autres m'a perdu. Il n'y a que l'indignation et la certitude de faire face à mes dettes personnelles qui puissent me tenir debout car la vie me fatigue horriblement.

    Je t'écris n'étant pas sûr d'aller demain à Dijon. Cependant j'espère vous dire adieu avant votre départ du 14.

    Salut bien amical

    * Remarque du 01/09/2018 : Le JB-M  dont parle Victor Mollerat est probablement Jean-Baptiste Mollerat, oncle de Victor. Ce n'était apparemment pas un tendre, et vous pouvez en apprendre plus sur lui en lisant l'article qui lui est consacré en bas de cette page.

    - o -

    La lettre précédente semble indiquer, peut-être, la fin de l'entreprise de Victor Mollerat à Pouilly-sur-Saône. Gilbert Boillot a-t-il cherché à venger son ami en créant un concurrent du côté de Marseille ? La lettre suivante pourrait le laisser penser. Voici en effet un projet ou le double d'une lettre qu'il a adressée à

    Monsieur Sergère 
    8 rue des deux Pavillons
    Marseille (Bouches du Rhône)

    Dijon 22 décembre 1848

    Mon cher Monsieur Sergère

    C'est toujours avec un vif plaisir que je me rappelle le jour où j'ai fait votre connaissance, car sans compliment, c'est une des plus agréables que j'ai faites dans le cours de ma vie.

    Espérant que de votre côté vous avez conservé de moi un souvenir bienveillant, je viens causer amicalement d'une affaire assez importante qui m'occupe depuis quelque temps. Je vous demanderai une réponse réfléchie mais complètement franche ; ceci est un point essentiel, et d'après ce que j'ai pu juger de votre caractère, ce n'est pas être exigeant que d'invoquer votre franc parler.

    Voici la chose. Les produits de la manufacture de Pouilly sont comme partout ailleurs du reste, bien appréciés à Marseille et leur placement s'étend de jour en jour dans cette localité, tant pour l'exportation que par l'accroissement de l'Algérie dont l'importation augmentera encore par suite des dispositions du gouvernement actuel. Marseille est en outre bien placé pour alimenter le midi de la France et même Lyon qui consomme beaucoup de produits de Pouilly.

    Ne pourrait-on établir à Marseille ou à proximité une fabrique de ce genre, le résultat net est avantageux j'en suis sûr. Marseille a sur place tous les métaux et les acides qu'emploie ce genre de travail les capitaux doivent y être abondants, on pourrait s'en procurer je le pense, du moins quand on démontrera par chiffres qu'ils sont bien placés.

    Mon père a travaillé longtemps à la manufacture et est bien au courant des diverses fabrications. J'ai en outre en vue quelqu'un de très convenable pour l'aider dans des opérations qu'il connaît bien aussi. En somme je suis assuré du mouvement et de la réussite du travail bien qu'il soit très compliqué, je le sais.

    Reste à savoir maintenant si la situation de Marseille ou environ, n'oppose pas des obstacles invincibles par la nature des choses, c'est ce que je viens vous demander.

    Voici les questions que j'ai à vous soumettre

    1° Y a-t-il du bois autour de Marseille, hêtre, charme et chêne notamment les deux premiers qui conviennent le mieux, quelle quantité pourrait-on s'en procurer annuellement et à quel prix le mètre cube ou stère. Les bois seraient-ils bien éloignés et les transports sont-ils chers ?

    2° La houille est-elle rare? Que vaudrait l'hectolitre en gros à Marseille ?

    3° Que vaut le charbon de bois pour les ménages, l'hectolitre ?

    4° Y aurait-il moyen de se procurer de l'eau, soit par un puits, ou par les arrivages de l’aqueduc de Roquefavour ?

    5° Quel est le prix de la journée de manœuvre ?

    6° Pensez-vous qu'une fabrication en grand de sulfate de cuivre et sel d'étain n'aurait pas une grande chance de réussite à Marseille. J'ai le moyen de bien connaître ces deux travaux ?

    7° Croyez-vous que monsieur Courny ou autres qui regorgent de plomb, d'après ce que vous me disiez à Marseille à mon voyage chez vous - répugneraient à entrer comme commanditaire, soit comme intéressé, dans une affaire de ce genre ?

    8° Que pensez-vous de Boyer d'Auriol ? de son établissement, de ses ressources, y aurait-il moyen de s'entendre avec lui ? Ce serait un moyen de neutraliser cette concurrence.

    La réponse à ces divers points me fixera déjà bien et alors je pourrais faire un voyage sur place pour me renseigner entièrement. Voilà bien des questions à répondre, mon cher ami. Je compte cependant sur votre obligeance pour le faire et le mieux possible tout en gardant discrétion, et ne parlant ni de moi ni d'autres, mais seulement traitant la chose comme sujet de conversation pour les personnes vers lesquelles vous aurez à vous renseigner.

    Je vais au devant d'une observation que vous me ferez sans doute : c'est qu'en bonne harmonie avec messieurs M...t vous ne voudriez pas leur nuire, cette opinion est la mienne assurément, mais il peut advenir des modifications dans le personnel, et c'est dans ce cas seulement que j'agirais. Quant à vous je n'ai pas perdu de vue que la fabrique de Pouilly vous rapporte quelques petites choses par vos placements, il va sans dire que je m'entendrai avec vous pour vous indemniser de cette perte.

    Quelque soit votre opinion et le résultat de vos investigations dites moi nettement ; vous me rendrez service en agissant ainsi. S'il vous est possible de me répondre d'ici la fin de l'année je vous serai reconnaissant ; en allant à Paris les premiers jours de janvier, votre lettre me serait utile.

    Agréez d'avance mes remerciements pour l'ennui que je vous cause, et croyez moi votre bien dévoué

    G Boillot
    Place St Jean

     - o -

    Nous n'avons pas la réponse à la lettre précédente, mais on peut supposer que Gilbert Boillot n'a pas donné suite au projet qu'il y évoquait.

    Nous le retrouvons en1851 à Clermont-Ferrand. Il y reçoit une lettre datée du 7 ou 8 août (double cachet), malheureusement fragile, partiellement amputée et peu lisible, en provenance d'Angoulême ; on peut y lire notamment ceci :

    Nous avons bien reçu, Monsieur, votre lettre du 31 d'après laquelle nous voyons que vous consentez à nous représenter sur la place de Clermont-Ferrand. Nous désirons étendre nos rapports et et sommes à même de faire aussi bien que Mrs Despax. Voici nos limites et nos existences : si on offrait au dessous veuillez nous en aviser.

    Suit une liste de bois plutôt exotiques de diverses origines, notamment Haïti, Cuba ou Espagne, et les prix de vente souhaités.

    Nous disposons ensuite de deux autres lettres traitant du même genre d'affaires, l'une datée du 16 octobre 1851, et l'autre du 17 novembre 1851.

    - o -

    On aurait pu supposer qu'à cette époque le couple Boillot habite Clermont-Ferrand, mais nous ne savons pas où. Les lettres précédentes sont adressées à Monsieur Boillot, représentant, Clermont-Ferrand (Puy de Dôme). Je ne sais pas comment la poste faisait pour s'y retrouver et livrer le courrier !

    Toutefois permettez-moi de vous montrer ci-après un extrait du recensement de la commune d'Artonne pour 1851.

    Recensement 1851

     

    Les Boillot étaient en fait installés à Artonne avec leur fils Henri et une servante de 18 ans nommée Anne Sabattier, qui deviendra un peu plus tard la femme de Joseph Allias. On peut donc supposer que Gilbert avait juste un bureau à Clermont-Ferrand, ou peut-être un entrepôt. Mais nous ne savons pas jusqu'à quand il a exercé cette activité.

    Nous laissons donc la famille Boillot à Artonne en 1851. Gilbert a tout juste 35 ans, sa femme Anne 28, et leur fils Henri 11 ans. D'après le même recensement ils habitent à côté de Pierre Marie Boillot et Claudine Rozier, parents de Gilbert, et leur domestique Gilberte Chatelus.

    Vu le caractère de Gilbert, que nous avons pu entrevoir au travers des correspondances précédentes, je doute qu'il soit venu à Artonne juste pour y couler une retraite paisible !

     - o -

     Additif du 17/03/2018 : A propos des Mollerat

    Ces jours-ci j'ai fait une recherche sur internet pour savoir s'il y aurait quelque chose sur les Mollerat à Pouilly sur Saône. Et bingo ! je suis tombé sur cet article :

    En lisant cet article, même s'il est parfois un peu austère, on découvre Jean-Baptiste Mollerat (1772-1855), chimiste et créateur d'entreprises. Il fait partie d'une fratrie assez nombreuse, et Victor Mollerat avec qui Gilbert Boillot était en relation était un de ses neveux. J'avais cru comprendre que Victor dirigeait une tuilerie, l'article parle d'une manufacture importante, puisqu'elle emploie jusqu'à 360 personnes. C'est probablement cette manufacture que Gilbert Boillot évoque dans sa lettre du 22/12/1848 à son correspondant marseillais, puisqu'il y parle de fabrication d'acide.

    Dernier point intéressant, on relève dans cet article que Gustave Eiffel était un neveu de J-B Mollerat ! Le monde est petit !!!

     

     Cliquez sur le lien pour la page suivante «henri-boillot»

     


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  • Nous avons laissé le jeune couple au lendemain de son mariage, rappelons que Gilbert Thomas est âgé de 22 ans, son épouse Anne Drouaillet a tout juste 16 ans, il est "marchand de couleurs" à Dijon. Au fil des années on les trouvera en effet rue Bossuet puis place Saint-Jean. Pour ceux qui la connaissent un peu, on est vraiment au cœur de la ville.

    Vous vous demandez peut-être ce que peut être un marchand de couleurs. La carte de visite ci-après pourra vous éclairer.

    Carte visite

    Peut-être pourrait-on parler de nos jours de droguerie. Nous apprenons au passage sur ce document que son prénom usuel est Gilbert, c'est celui que nous utiliserons dorénavant.

    - o -

    Assez rapidement la famille s'agrandit par la naissance à Dijon d'un garçon prénommé Gilbert Henri Victor le 13 janvier 1840, l'acte de naissance figure ci-après. On retiendra que le prénom usuel de cet enfant est Henri.

    Boillot Henri naissance

    Les Boillot à Dijon

     

    Pour la petite histoire je n'ai pas trouvé trace d'autre enfant du couple ni à Dijon ni ailleurs.

     - o -

    Plusieurs années vont s'écouler sans que nous ayons d'élément particulier à signaler, sauf deux lettres de 1846 concernant la première une facture du 19 mai pour "une barrique de Potasse d'Amérique 1re Sorte" pour la somme de F 187,35, et une autre du 22 mai "A l'adresse de M Auburtin à Châlons s/Marne pour tenir à la disposition de M Bellois Gomand 12 bouteilles d'acide nitrique 36 degrés" pour 528,40 Fr.

    - o -

    L'année 1848 sera celle du changement puisque par acte sous seing privé signé le 18 janvier Mr Gilbert Boillot, marchand de couleurs,demeurant à Dijon, Place Saint Jean, et de lui autorisée dame Anne Drouaillet son épouse 
    vendent, cèdent et abandonnent par les présentes avec garantie de toute saisie, opposition et revendication
    à Mr Jacques Huan fils, commis négociant demeurant à Paris, rue de la vieille monnaie n°22
    ...
    1° Le fonds de commerce ...
    2° Le mobilier garnissant le magasin ...
    3° Toute la marchandise qui se trouverait soit en magasin, soit en route le jour de la prise de possession ... fixée au premier mai 1848.

    La vente est conclue pour la somme de 15 000 francs, auxquels il convient d'ajouter la valeur des marchandises évaluées par l'inventaire réalisé lors de la prise de possession de l'acheteur.

    Vente Boillot

    - o -

    A cet acte il convient d'ajouter deux obligations en date du 13 juin 1848 :

    - La première de 19000 Fr exigible les 1er Juin 1850, 1851 et 1852 par Mr Huan Fils sous le cautionnement de ses père et mère au profit de Mr Boillot.

    Obligation Huan

    - La seconde de 15000 Fr exigible le 1er Juin 1853 par Mr Huan Fils sous le cautionnement de ses père et mère au profit de Mr Boillot.

    Obligation Huan

    La deuxième obligation porte probablement sur le prix de vente du fonds de commerce, la première sur le coût du stock. Ces deux obligations portent intérêt au taux de 5% par an. Elles ont probablement été réglées en temps et heure, en tout cas nous n'en entendrons plus parler.

    - o -

    Voilà donc la fin de la première partie de la vie de Gilbert Boillot et de son épouse Anne Drouaillet. Fortune faite ? Départ en retraite ? Peut-être un peu des deux. L'acte de vente stipule que les vendeurs resteront avec les acheteurs 4 mois à partir du 1er mai, ce qui situe le départ de Dijon vers la fin de l'année 1848.

     

    Cliquez sur le lien pour la page suivante «1848-51-le-changement»

     


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  • Nous avons vu que Gilbert Henri Victor Boillot est né à Dijon le 13 janvier 1840. Rappelons qu'il est le fils de Thomas Gilbert (dit Gilbert) et d'Anne Drouaillet. Son acte de naissance figure ci-après.

    Henri Boillot Naissance

    Henri Boillot Naissance

     - o -

    Nous l'appellerons dorénavant Henri, son prénom d'usage. Nous le retrouvons avec ses parents à Artonne lors du recensement de 1851. Il a alors 11 ans. Il ne figure plus avec eux au recensement suivant en 1856. A 16 ans est-il en internat dans une école supérieure ou un lycée, à Clermont ou ailleurs ?

    Nous retrouvons sa trace le 10 août 1878 à Brécy dans le Cher (18)  où il épouse, à l'âge de 38 ans Solange Pivet, 28 ans née le 18/04/1850 à Etréchy (Cher). Les parents de la mariée, Louis et Hélène Moreux, sont tous les deux journaliers à Etréchy lors de sa naissance ; Louis est cantonnier lors du mariage de sa fille.

    Henri Boillot - Solange Pivet Mariage

    Plusieurs points sont à relever sur ce document. Tout d'abord les parents du marié sont absents, ils se sont contentés de donner leur accord par acte passé devant Me Coupelon, notaire à Clermont-Ferrand. Ensuite Henri Boillot est réputé exercer la profession de courtier à Chartres (Eure-et-Loir). Enfin il n'y a pas de contrat de mariage, ce qui est plutôt rare à l'époque.

    Je n'ai trouvé trace d'aucun enfant issu de ce mariage.

    Henri Boillot ne devait pas avoir une santé très solide, ce qui l'amène à établir un testament le 27 novembre 1883 à Clermont-Ferrand. Il habite alors cette ville, 27 rue Blatin, où il dit être rentier. 

    Ce testament est ainsi rédigé :

    Je soussigné Boillot Gilbert Henri Victor, rentier demeurant à Clermont Ferrand 27 rue Blatin, département du Puy de Dôme jouissant de l'entière possession de mes facultés mentales institue par les présentes Pivet Solange, ma femme légitime suivant l'acte civil dressé le dix août mil huit cent soixante dix huit pardevant M. le maire de la commune de Brécy département du Cher, ma légataire universelle. Je lui donne la nue propriété, pour qu'elle en jouisse à son gré, du mobilier qui garnira notre demeure commune, tel qu'il se comportera, sans en rien distraire, le jour de mon décès. 

    Je lui donne en outre l'usufruit en entier pendant sa vie durant de toute ma fortune immobilière ; elle devra toutefois réaliser immédiatement après mon décès une somme suffisante pour subvenir aux frais de ma maladie, à l'enterrement à la concession et autres frais accessoires.

    Je mets, comme condition de ma donation, condition expresse, mon testament deviendrait nul si elle n'était pas exécutée, que ma veuve ne se remarie pas.

    Fait à Clermont Ferrand, écrit de ma main le vingt sept novembre mil huit cent quatre vingt trois.

    Signé Boillot

    Article additionnel - A la mort de ma femme elle disposera de notre fortune à son idée

    Signé Boillot

    - o -

    Henri Boillot décède à Brécy le 9 mars 1891, à l'âge de 51 ans. Son acte de décès figure ci-après.

    Henri Boillot décès

     - o -

    Vous trouverez ci-après une lettre de Me Loiseau, notaire, datée du 23 mars 1891.

    Etude de Me LOISEAU, Notaire aux Aix-d'Angillon (Cher)

    Les Aix, le 23 Mars 91

    Monsieur,

    Par ordonnance de M le Président du tribunal civil de Bourges, j'ai mis au rang de mes minutes le testament de monsieur votre fils. Je vous donne ci-joint la copie de ce testament. Il n'est pas rédigé très clairement, mais selon moi il en résulte d'une façon formelle que madame Boillot est légataire en toute propriété de l'universalité de la succession, puisque M Boillot ne possédait pas d'immeubles.

    Seulement vous avez droit vous et madame Boillot votre épouse à la nue propriété de la moitié de la succession de votre fils, mad Boillot épouse du défunt ayant droit à l'usufruit de cette moitié tant qu'elle ne se remariera pas.

    Il faudra que vous fassiez et Madame Boillot la délivrance de son legs. Si vous venez avec Mad Boillot votre femme pour le service de quarantaine de votre fils je profiterai de votre séjour à Brécy pour aller vous y faire signer cette délivrance de legs. Si vous veniez seul, je vous prierai de vous munir de la procuration de votre femme.

    Madame Boillot m'a déclaré qu'elle était marié sans contrat, que son mari ne possédait pas d'immeubles lors de son mariage et que depuis le mariage il n'avait pas recueilli de succession ni de donation immobilière. Tout l'avoir de M et Mad Boillot est donc commun.

    D'après la déclaration de Mad Boillot cet avoir est d'environ 12000 Fr dont 6000 appartiendraient à Mad Boillot comme communs et 6000 dépendraient de la succession de M Boillot, moitié de ces derniers 6000 soit 3000 reviendraient en toute propriété à Mad Boillot et elle aurait en outre droit à l'usufruit des autres 3000, le tout en vertu du testament. Et vous auriez ainsi que Mad Boillot votre femme la nue propriété des 3000 dont Mad Boillot jeune a l'usufruit. Je dis trois mille francs mais ce n'est pas exact, car sur les 6000 dépendant de la sson de M votre fils il y aura à prélever les frais des funérailles, services etc.

    Vu le peu d'importance de la succession, Mad Boillot vous prie de vouloir bien lui abandonner la nue propriété dont vous avez la réserve.

    En outre comme après prélèvement des frais de toute sorte qu'elle a et aura à payer il lui restera à peine 9000 Fr ce qui produira à peu près 300 Fr d'intérêts somme insuffisante pour vivre même très modestement, elle m'a prié de vous demander si vous ne pourriez, par souvenir de votre fils, lui faire une petite pension qui pourrait lui permettre de vivre.

    Je vous prie d'agréer monsieur, l'expression de ma parfaite considération.

    Loiseau

    Je vous prie de vouloir bien me répondre et je me mets à votre entière disposition pour tous renseignements que vous pourriez désirer.

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    Au termes de plusieurs semaines qu'on imagine un peu tendues et de plusieurs échanges de lettres avec le notaire que je vais vous épargner, Il a été procédé à un inventaire de la succession d'Henri Boillot d'où il ressort, par un acte daté du 24 juillet 1891, que l'actif net de ladite succession s'élève à 54769,69 Fr. La moitié de cette somme, soit 27383,84 Fr revient à la veuve en pleine propriété, et l'autre moitié revenant à la succession, soit 12873,77 pour la veuve et autant pour les parents d'Henri (c'est-à-dire Gilbert Boillot et Anne Drouaillet) en nue propriété.

    Pour la petite histoire le portefeuille d'Henri Boillot était composé d'obligations de 500 Fr au porteur 3 pour cent des chemins de fer de L'Ouest

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    Solange Pivet, la veuve d'Henri Boillot, est décédée le 6 mai 1901 à Brécy. Son acte de décès figure ci-après.

    Solange Pivet Décès

    Solange Pivet Décès

    Elle avait 51 ans et ne s'était pas remariée (elle est morte curieusement au même âge que son mari). Elle a donc bénéficié jusqu'à sa mort de l'usufruit des titres de feu son mari. Gilbert Boillot (le père d'Henri) étant décédé depuis 1894, Maître Loiseau a prévenu Anne Drouaillet sa veuve et mère d'Henri, par lettre du 12 mai 1901, et le 16 elle avait récupéré la totalité des titres (nue propriété +usufruit) qui avaient fait l'objet du partage de 1891 lors du décès de son fils Henri.

    Vous voyez que quand les notaires veulent ils peuvent faire vite !!!

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